En plus d’être un auteur de talent, Joël Alessandra est un homme de bien. Ouvert vers les autres, il s’est toujours posé en témoin de la souffrance, de l’injustice en gardant aussi sa part d’écriture romanesque si attachante. Avec La Force des Femmes, Alessandra raconte le destin souvent cruel, injuste, de femmes africaines rencontrées lors de ses voyages. De Djibouti où l’armée l’envoie au Congo du célèbre docteur Mukwege Prix Nobel de la Paix, il écrit et dessine des portraits plein de vie et de tristesse, d’espoir malgré tout. Un album à lire et relire, empreint d’une sensibilité à fleur de peau dans lequel tout est authentique.
Le portrait d’une jeune Éthiopienne signé par Depardon sera le déclic pour Alessandra. Il va choisir Djibouti pour effectuer en 1990 un service militaire culturel. Une vie pas désagréable d’insouciance, envoûtante. Et puis il va y avoir Kadidja, une Somali qui a subit un traumatisme sexuel barbare. Elle va la lui raconter à lui qu’elle pense être la solution pour échapper à un destin tragique. Un vrai dilemme. Au Congo, à Bukavu, il va aller à la rencontre du docteur Mukwege Prix Nobel de la Paix qui va lui dire pourquoi il a voulu devenir médecin puis chirurgien obstétrique. Des femmes violées, traumatisées, déchirées, Mukwege les soigne et leur redonne espoir. Il y a aussi l’Algérie où une femme qui veut dessiner dans un stage organisé par Alessandra ne pourra sans voile, l’accompagner boire un verre à la terrasse d’un café où il n’y a que des hommes.
Alessandra montre mais ne juge pas. Témoin mais pas acteur, son propos est d’autant plus fort, au ton juste, soutenu par un dessin évocateur, poétique. L’Afrique c’est désormais aussi l’Europe, la France et c’est bien là que cet album touche là où ça fait mal, pour ne pas fermer les yeux.
La Force des femmes, Des Ronds dans l’O, 22 €
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