Un très surprenant mais chaleureux album qui raconte comment nos chers voisins belges ont créé leur sécurité sociale, système de retraite, prise en charge du chômage. Un sujet pour le moins d’actualité dans notre doux pays qui a remis au goût du jour la marche à pied ou le vélo histoire de bien faire comprendre ailleurs qu’en France on ne rigole pas avec les réformes, un mot à donner des aigreurs d’estomac à une partie de la population qui pourtant n’est pas souvent la plus à plaindre. On passe avec l’ange concerné, et on se penche donc sur Un Cœur en commun qui explique avec une simplicité exemplaire des choses aussi compliquées que celles dont nous abreuvent politiques ou syndicalistes depuis un mois. Harald Franssen est au récit, dessin, de ce panorama non seulement brillant, historique mais très émouvant.
Quand la petite Louise est née, tout allait bien, mais très vite on s’est aperçu qu’elle souffrait d’une malformation cardiaque qu’il fallait opérer. Tout est en place pour que ses parents puissent rester auprès d’elle dans une maison unifamiliale. Grâce à une médecine de pointe le diagnostic a pu être fait rapidement. Un choc pour sa maman et son papa. En 1941, dans Bruxelles occupée, un petit groupe se rassemble. Ils sont certains que les alliés gagneront la guerre et sont en résistance. Ils ouvrent la première réunion du comité ouvrier-patronal. Leur but, que l’injustice ne soit plus possible et préparer le futur des Belges. Subtilité et bon sens sont leurs moyens d’agir. Retour sur une Histoire qui n’a pas été tendre avec les classes les plus faibles, opprimés et sans accès aux soins. Comme dans tous les pays industrialisés.
La mise en parallèle du destin de la petite Louise, sa prise en charge, et comment une poignée d’hommes courageux ont permis d’en arriver là, c’est la trame de cet album qui reprend, pas à pas, toute l’histoire de l’assurance sociale en Belgique avec ses corollaires incontournables. Paradoxalement ce sont les Allemands qui ont été des précurseurs en la matière en Europe. Mais les Belges vont être à leur tour des créatifs et leur Sécu un modèle. Sans elle, Louise aurait-t-elle survécu ? Dans la postface, deux anciens chercheurs au CNRS mettent les pieds dans le plat. La Sécu c’est vital, hors des mains avides de sociétés privées qui mettraient à mal le principe même de la solidarité. En France, nous avons une Sécu remarquable, une médecine publique de très haut niveau à laquelle on ne donne pas les moyens qu’elle mérite. Pour privilégier qui ? Ceux qui pourront payer, de moins en moins nombreux ? Harald a su traiter avec cœur et talent, clarté, un combat familial et un autre de défense d’une justice sociale qui prône partage et égalité. On souhaite que son album intelligent serve d’exemple ailleurs qu’en Belgique.
Un Cœur en commun, La belge histoire de la sécurité sociale, Delcourt, 14,95 €
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