Ed Brubaker sait écrire du polar très noir avec ce qu’il faut de note psychologique sans pour autant tomber dans la facilité de l’action systématique. Dans Scène de crime (Delcourt), il a pour héros un jeune privé amoché revenu de tout, atypique et convaincant.
Jack Herriman est détective privé. Son oncle Knut qui l’a élevé est l’un des plus célèbres photographes de presse spécialisé dans les scènes de crime. Paul Raymonds, un flic qui fait partie de la famille au moins moralement, lui confie une affaire, retrouver Maggie, une jeune femme qui a disparu à la demande de sa sœur, maîtresse de Paul, et de sa mère. Jack retrouvera Maggie qui se fait tuer en possession d’une valise de fric. Jack va comprendre peu à peu qu’on l’a pris pour une bille et il ne va pas aimer. Même si il prend des coups comme quand il a été blessé dans l’attentat qui a tué son père, un policier ami de Paul.
Avec Brubaker on est dans le sordide, le banal, le mesquin qui tourne vite au sanglant. L’écriture de Brubaker est remarquable, contraignante, et implique le lecteur dans un quotidien qui bascule autour de personnages sans grande envergure. Herriman est le privé déglingué qui s’imagine travailler sur une affaire limpide et se retrouve avec un sac d’embrouilles. Michael Lark et Sean Phillips pour l’encrage ont communié avec le texte de Brubaker. Le trait, les attitudes, le découpage, l’ambiance grise des lieux, ils nous servent un buffet froid haut de gamme et qui restera une référence.
Scène de crime, Delcourt, 14,95 €
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