Nathalie Ferlut était à Montpellier à la librairie Azimuts. Rencontre avec cette Sétoise qui a fait ses études à Paul Valéry, auteure sensible passionnée de cinéma qui dédicaçait son album, Eve sur la balançoire (Casterman), biographie d’une jeune Américaine au destin d’exception.
Nathalie Ferlut sera le mercredi 16 octobre à la libraire Bedelire à Aix en Provence, le vendredi 18 octobre à la libraire La Bulle à Nîmes, le lundi 21 octobre à la libraire BDNet – Nation – à Paris. Du 25 à 27 octobre elle sera au festival Quai des Bulles à St Malo. (Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC)
Comment vous est venue cette idée de choisir Florence Evelyn Nesbit comme héroïne ?
Je cherchais autre chose, des photos de demoiselles. Je suis tombé sur une photo d’elle, très belle. Elle a éveillé ma curiosité. Je l’ai découverte. Elle est typique de ces femmes enfants qu’Hollywood a ensuite utilisées. Vous parliez de l’attitude de Magda Schneider vis à vis de sa fille Romy au début de sa carrière , c’est un peu similaire pour Eve. Mais Eve et sa mère n’avaient pas d’autres moyens pour survivre au niveau social qu’était le leur au début du XXe siècle.
Eve qui est très jeune devient la maîtresse d’un architecte new-yorkais réputé, poursuivi aussi par le fils d’une famille richissime mais complètement fou qu’elle épousera pourtant.
Eve, c’est une petite mademoiselle qui fait n’importe quoi pour être appréciée. Elle met en avant son physique qui fait craquer Standford White son Pygmalion. J’ai eu du mal à écrire son histoire. C’était compliqué de faire une histoire sur quelqu’un qui a existé. On ne peut ni ne doit raconter n’importe quoi. Il y a un problème moral. J’ai travaillé sur sa biographie signée par un auteur américain. Elle a aussi raconté sa vie mais trois fois et à chaque fois de façon différente. J’ai aussi accumulé les documents.
Donc la mise en place de votre scénario a été longue ?
Oui. Le plus long a été de trouver la bonne façon de raconter cette histoire, de m’approprier le personnage, l’entendre parler. C’était la deuxième étape. Quand les personnages ont pris vie, j’ai réussi à développer le scénario. J’ai construit l’album comme une pièce de théâtre en quatre actes découpés ensuite en scènes. La tentation des quatre actes étaient de les rattacher aux saisons. J’ai pris les moments clé de sa vie, le début et son mariage qui tourne mal.
Deux hommes finalement seront les les piliers de son destin.
L’architecte est charismatique même si son attirance pour les jeunes filles en fleur est équivoque. Il reste son Pygmalion et il est intéressant que ce soit par son talent créateur que par son attitude vis à vis d’Eve. Son mari, Harry Thaw est l’exemple typique du milliardaire fou que sa famille a les moyens de protéger. Eve se fait avoir par la famille et le dédouane au procès pour le meurtre de Stanford White. Eve n’est pas assez futée. Elle aurait pu mieux s’en tirer. C’est une jeune femme qui est en recherche constante du père perdu.
J’ai écrit le story-board quand j’ai trouvé le rythme, 115 pages au total. Je ne travaille pas sur une planche complète mais sur des cases, des dessins que j’assemble ensuite. Je fais un lavis au pinceau et pour la couleur je me sers de l’ordinateur.
Et maintenant, la suite après cet album très réussi ?
Toujours chez Casterman, j’ai envie de faire des scénarios pour d’autres. J’ai également une idée, celle de raconter l’histoire de la maison d’un homme âgé de nos jours, de sa jeunesse donc dans les années quarante. Cela sera tout autant difficile pour moi mais…
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