C’est un nouveau titre de la collection Le Fil de l’Histoire qui tombe à pic. Il y a trente ans aujourd’hui le tristement célèbre Mur de Berlin s’effondrait ou, du moins s’ouvrait définitivement à la liberté. L’Allemagne de l’Est, la DDR avait vécu. Ariane et Nino en raconte l’histoire tragique sur fond de guerre froide et de conflit mondial en suspense. Fabrice Erre a en assuré le texte et Sylvain Savoia le dessin comme pour tous les titres de la série, l’une des plus complètes et intelligentes dans le genre. Ce nouveau titre est l’un des meilleurs. Mais qui se souvient exactement pourquoi et comment ce mur a existé ? Retour vers un passé pas si lointain où l’Allemagne du IIIe Reich succombait sous les bombes alliées.
En 1945, les Soviétiques ont bien l’intention de mettre la main sur l’Europe de l’Est et en particulier sur l’Allemagne de l’Est, entité créée de toutes pièces, socialiste et sous leur tutelle de fer. En face, l’Allemagne de l’Ouest, la RFA, capitaliste et américanisée, coupée en trois territoires occupés, France, Angleterre et USA. L’Est c’est donc pour l’URSS. Reste Berlin, ex-capitale allemande, qui est divisée aussi en zones d’occupation mais en pleine Allemagne de l’Est relié par air ou par une seule autoroute surveillée à l’Ouest. La partie soviétique de Berlin est rattachée à l’Allemagne de l’Est sauf qu’on peut passer d’un côté à l’autre de la ville car bon nombre de familles allemandes habitent dans des quartiers et des zones différentes. D’où aussi des influences idéologiques et politiques qui s’opposent. Les Soviétiques vont rapidement en avoir assez, en pleine guerre froide, qu’on puisse les agacer. Les socialistes purs et durs allemands vont imaginer un mur, un vrai mur, gardé et infranchissable. On tire à vue rapidement. Le Mur de Berlin devient un symbole contre la démocratie, une victoire d’un communiste d’état stupide et violent. Berlin-Ouest est la vitrine du monde occidental, épine plantée dans le flanc de l’ours soviétique. Une occasion en or d’une bonne grosse guerre mondiale car les USA n’accepteraient pas et ont truffé de bases de missiles l’Allemagne de l’Ouest.
Du 13 août 1961 au 9 novembre 1989, le Mur va se dresser entre deux mondes qui se regardent en chiens de faïence. Comme le raconte en détails le fascicule, les tentatives de passages seront nombreuses, certaines réussiront, beaucoup seront réprimées sans pitié par la police politique de la DDR, la fameuse Stasi. Tout va tenir à un malentendu, on le verra, sur lequel la foule des Berlinois va surfer le 9 novembre. On n’oublie pas l’URSS elle-aussi en pleine dégringolade avec un Gorbatchev qui assiste en 1991 à l’explosion de son pays, et des autres Républiques socialistes, la Pologne avait ouvert le bal.
En lisant l’ouvrage de Fabrice Erre on retrouve des moments qui ont marqué l’Histoire. Le pont aérien de 1948 vers la ville bloquée par les Russes, Kennedy à Berlin, Willy Brandt chancelier de l’Ouest face à Hoenecker qui a bâti le Mur. Concision, précision, dessin choisi, on est totalement au cœur de la Guerre Froide du côté de Check Point Charlie dans un Berlin qui ne cessera d’inspirer romanciers et cinéastes tout au long des 28 ans d’existence du Mur qui en a inspiré malheureusement d’autres toujours bien actuels.
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