Faust aurait-t-il aimé être un génie littéraire ? C’est ce que souhaite devenir le jeune Lewis qui, lui, passe un pacte avec Sarah, morte, à qui il a juré un amour éternel en contre-partie. On avait été emballé, subjugué par le premier tome de L’Esprit de Lewis. Des dialogues peaufinés aux mots choisis, le scénario est écrit par Bertrand Santini. Lionel Richerand est au dessin enchanté, élégant, diabolique. Le second tome qui clôt le diptyque est tout autant agréablement délirant, savoureusement fantastique, passionnément fulgurant.
Lewis brille dans la bonne société londonienne. Son roman est un succès. Allistair, son éditeur, le présente à la critique du Morning Post, la belle mais acerbe Johanna. On chuchote sur son passage. D’où sort ce Lewis qui signe un premier roman magistral ? Il jouit de la vie, insouciant et bohème et on prétend qu’il serait en train d’écrire un nouveau roman. Pourtant il se dit peu inspiré dans les diners. Johanna lui ouvre ses bras. Quand Sarah réapparait, fantôme jaloux et en colère. Elle veut, bien que morte, partager la vie de Lewis qu’elle aime à la folie. C’est leur contrat pour que Lewis soit célèbre. Mais il refuse, repousse le spectre qui a plus d’un tour sous son suaire. La belle Johanna est fort mécontente. Lewis peut s’attendre au pire d’autant qu’elle a pu constater que son éditeur est homosexuel, ce qui dans cette Angleterre de la fin du XIXe siècle est un crime.
Il y a le flegme, l’humour, le drame, une narration construite et un dessin à la fois poétique et réaliste pimenté d’un fantastique qui s’associe au naturel. Le destin de Lewis n’est pas sans surprise. La montée en puissance du scénario, son évolution et ses révolutions, de rebondissement en évidences, est un vrai bonheur éditorial. On est sous le charme. Richerand sublime par son trait Lewis, ses angoisses, ses joies, son malheur. Le bal masqué est un des grands moments de l’album. Lewis est un drôle de masque à qui le sort va jouer des tours pendables. Il faut lire ou relire les deux tomes à la suite pour encore mieux s’imprégner de leur force. Les couleurs d’Hubert sont somptueuses.
L’Esprit de Lewis, Tome 2, Métamorphose Soleil, 17,95 €
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