Au moment de la sortie du tome 3 du Reste du Monde, on disait que Jean-Christophe Chauzy rencontré à Sète, dans un thriller parfait, maîtrisé, avait glissé interrogations et quelques réponses. Dans le 4, les Enfers, le sous-titre annonce la couleur. On ne parlera pas de bouquet final car ambiance et action n’évoquent pas le jardin d’Éden. A force de errer sur les sommets catalans dévastés par une catastrophe, les survivants ont renié souvent tout ce qui en faisait des humains. Survivre comme on peut et à tout prix, Marie prisonnière, Hugo et Jules qui pourraient bien croiser la route de leur père parti à leur recherche. Un monde d’une rare noirceur, en pleine folie, qui pourrait bien, un jour, être le destin de l’humanité.
Des ados tueurs sous la coupe d’un curé illuminé tentent de créer un sorte de communauté qui veut sauver les âmes épargnées par le cataclysme. Dans les ruines d’un château perdu, une autre bande de jeunes fait le bilan de ce qu’il possède. Avec eux Hugo et Jules. Farida est la chef. Le père des garçons erre en solitaire dans la montagne persuadé qu’il va les retrouver. Mais poursuivi par une meute de chiens sauvages, il tombe dans une rivière et se retrouve dans une immense décharge où sont venus s’écraser bateaux, avions, camions emportés par le séisme. C’est là aussi où a abouti la bande de Farida. Il y encore de quoi se ravitailler dans les épaves. Plus haut, près d’un lac, Marie, enceinte, est gardée par le père son enfant, chef d’une bande de détraqués.
Une violence extrême, sanglante car il n’y a plus de règles, Chauzy fait survivre ses héros, pas vivre. Il les pousse dans leurs derniers retranchements tout en maintenant un soupçon d’espoir. Paradoxe, ce sont de futurs migrants qui vont devoir partir dans l’autre sens, vers cette Afrique qui semble épargnée. Tout est permis dans ce monde apocalyptique qui a des relents de Moyen-Age avec sa peste et ses rats. Le Fléau est là, implacable. Restent les deux frères, la mère, le père, Chauzy leur réserve un sort à chacun, un destin. Une narration exemplaire servie par un dessin souvent grand format puissant et écrasant de réalisme. Angoissant à chaque instant.
Le Reste du monde, Tome 4, Les enfers, Casterman, 18 €
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