C’est un sujet très peu traité contrairement à son contexte, la Guerre d’Espagne, devenue, elle, en quelques années une thématique riche en albums de qualité. Mais traiter de l’aviation pendant le conflit est rare même si on intègre l’album de Yann et Juillard Double Sept. Avec L’Ombre du Condor, Gerardo Balsa y a remédié. Hormis la part romanesque assez classique, on est étonné par le travail de recherche très exhaustif qui lui permet de présenter au rivet près tous les modèles d’avions qui se sont affrontés de 1936 à 1939. Et de toutes nationalités. Plane aussi sur cette Ombre du Condor le souvenir de Malraux et de son escadrille de volontaires Républicains malgré la tiédeur du gouvernement français de l’époque qui n’ira pas en s’améliorant. Au total un premier album qui met en place comme d’habitude protagonistes et ambiances cette fois très aériennes. Balsa est au Festival de Lagrasse dans l’Aude le 12 et 13 octobre 2019.
Pedro est mécanicien et à Madrid en ce 18 juillet 1936 la République est en danger. L’armée veut la renverser. La guerre d’Espagne peut commencer. Franco doit à tout prix rapatrier ses troupes du Maroc mais la Marine est fidèle à la République comme l’Aviation. Seuls les Allemands et les Italiens qui le soutiennent peuvent lui en fournir, pilotes en prime. Le Lieutenant Dieter Von Moltke va être l’un d’eux. La Luftwaffe le détache en Espagne. Pedro, lui, fait partie de l’infanterie qui se bat contre les Phalangistes mais il veut passer dans l’aviation comme mécano. En France, le gouvernement accepte d’envoyer des avions pour équiper l’escadrille formée par André Malraux. D’anciens pilotes de 14 se regroupent derrière leur chef. Et les Allemands rapatrient avec leur Junker 52 les Légionnaires de Franco. Dieter remporte ses premières victoires.
Deux héros, Dieter le pilote, Pedro le mécano qui ne le restera pas, deux femmes évidemment, belles, le tout sur fond de guerre avec des avions plein les cieux. Une précision redoutable qui va faire plaire aux fans car bon nombre de modèles seront surclassés en 1939 car améliorés, l’Espagne ayant été un terrain d’expérimentation, ce qui fait qu’on les connait peu. Du Heinkel He 51 au Loire 46 ou Focke-Wulf Fw 58, il y a de quoi faire avec les fiches techniques qui clôturent l’album. Idem avec la double page de départ où ce sont des Polikarpov russes à insigne de la Double Six. Le dessin hors avions est très classique, réaliste, un peu à la Giardino, très détaillé en tout point, un peu figé parfois. Mais ce Condor a largement de quoi séduire tous les publics.
L’Ombre du Condor, Tome 1, 1936, Duel sous le ciel d’Espagne, Éditions du Long Bec, 15,90 €
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