Scientifiction avec Jacobs, Blake et Mortimer, le catalogue d’une exposition incontournable

C’est une exposition à ne pas manquer à Paris. Il n’y en aura pas une seconde avant longtemps. Blake et Mortimer entrent au musée comme on l’a déjà annoncé, et pas dans n’importe lequel, aux Arts et Métiers. L’exposition se tient du 26 juin 2019 au 5 janvier 2020. Mais avant d’aller la visiter, il faut se plonger dans le superbe album catalogue édité pour l’occasion. Un incontournable que tous les fans de Blake et Mortimer se devront d’avoir. Sous la responsabilité éditoriale de Thierry Bellefroid, ce catalogue collectif a aussi bénéficié de signatures comme celle de François Schuiten, Pascale Heurtel directrice du musée, Eric Dubois, agrégé et professeur à l’École Boule, Daniel Couvreur journaliste au Soir, Dominique Leglu directeur de Sciences et Avenir sans oublier Hubert Védrine, ancien ministre de François Mitterrand.

Scientifiction Quand on feuillette l’album pour un premier contact, on est frappé d’abord par la beauté des originaux de Jacobs qu’on pourra retrouver exposés mais aussi par la mise en parallèle des objets rares qui proviennent des Arts et Métiers. Les prises de vue, la mise en scène et la qualité d’impression sont sans commentaires. Et puis on lit, on découvre les thématiques, science et technique qui ne sont pas que ruine de l’âme car en parfaite conscience. Les quatre éléments (feu, eau, air, terre), souvent affrontés par Blake et Mortimer, servent de fil rouge à l’exploration des collections du musée. Le sabre foudroyé rescapé des expériences de « commotions électriques » en vogue à la fin du XVIIIe siècle résonne avec les cataclysmes météorologiques qui sévissent dans S.O.S. Météores. Les câbles sous-marins qui assurent les premières liaisons télégraphiques transatlantiques n’ont rien à envier aux vestiges de la civilisation atlante découverts dans L’Énigme de l’Atlantide. Les modèles d’égouts parisiens et leur conception anthropomorphique trouvent toute leur place dans les méandres des sous-sols parisiens qui servent de décor dans L’Affaire du collier. Hasard ou coïncidence ? Le modèle de moteur d’avion Turbo générateur de bord (que l’on voit dans l’album) qui porte le nom d’Espadon rappelle étrangement l’avion-fusée révolutionnaire conçue par Mortimer dans Le Secret de l’Espadon. Il date de la même année que la parution de cette première aventure de Blake et Mortimer.

Blake et Mortimer

Fallait-il mettre Jacobs au musée ? Oui, si ce n’est que parce qu’il aura été un précurseur visionnaire, certes à une époque, celle de l’après-guerre où la BD restait une anecdote sans vrai reconnaissance artistique. Mais Jacobs, avec sa ligne si claire, si personnelle, a eu des flashs comme dans Le Piège Diabolique ou Le Secret de l’Espadon qui resteront inégalés. On voit ses planches, une centaine, qui dialogue avec les textes très argumentés des auteurs. Il y a osmose entre objets et dessins. On découvre des raretés comme la couverture de L’Énigme de l’Atlantide ou la Une de Tintin qui annonce L’Affaire du collier. Des interviews croisées menées par Bellefroid, des maquettes mythiques comme celle de l’Aile Rouge, il faut savourer cet album de 100 pages qui marque définitivement la reconnaissance du talent et du génie de Jacobs.

Scientifiction

A noter qu’en octobre 2019, l’intégralité des planches présentées sera renouvelée, proposant ainsi une deuxième lecture de l’exposition.

Scientifiction, catalogue d’exposition, Blake et Mortimer au Musée des Arts et Métiers, Dargaud, 30 €

Scientifiction

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