On revient aussi à la seconde guerre mondiale avec Bootblack T1 de Mikaël. Un GI’s en 1945, se souvient comment sa vie a basculé. Il est gamin à New York en pleine crise de 1929 et devient cireur de chaussures à la mort de ses parents mais la pègre et des amitiés douteuses ne sont pas loins. Il est d’origine allemande, ce qu’il réfute, alors que des tensions règnent parmi les différentes catégories d’immigrés. Un parcours étonnant, au relief saisissant bien raconté et dessiné par l’auteur de Giant.

1945, la guerre fait rage en Allemagne envahie par les Alliés. Al est seul entouré par les corps des ses camarades. Enfant, il a fugué de chez lui à New York, son père lui a rappelé ses origines allemandes et son prénom, Altenberg. Quand il revient, leur immeuble a été détruit par les flammes et sa famille décimée. Al se retrouve à la rue et devient cireur de chaussures pour survivre. Avec lui son copain Shiny et la belle Maggie dont il est secrètement amoureux mais qui le regarde de haut. Il y a aussi un pickpocket, Joseph, qui va les aider quand ils sont attaqués par de jeunes immigrés allemands qui veulent prendre leur territoire. Les flics veillent au grain. Al se fait appeler Chrysler, un nom qu’il trouve très américain. Mais il faut qu’ils trouvent un moyen de faire plus d’argent. En travaillant comme transporteur de cash pour un truand, ils commencent à voir le bout du tunnel. Mais la guerre, en 1941, va rebattre les cartes.

On y croit à ce Al qui a un bon fond mais est paumé dans une ville écrasante, un milieu pourri. Il y aura Maggie aux envies insoupçonnables. New York est comme pour Giant la toile de fond incontournable de ce drame social, humain et sentimental. Un diptyque dont on attend la suite avec impatience. Un dessin très réaliste, bouillonnant et humain ponctué par des scènes très fortes comme celles du champ de bataille en 1945. Un cahier graphique de superbes dessins termine l’album.

Bootblack, Tome 1, Dargaud, 14 €