Retour sur Histoire, celle de la défaite française de juin 40, le régime collaborationniste de Pétain à Vichy, le message du 18 juin du général De Gaulle qui appelle les Français Libres à la résistance et à poursuivre le combat. Ils seront peu nombreux au départ mais pour distinguer les meilleurs d’entre-eux, bien souvent des anonymes qui ont dit non à la défaite, De Gaulle crée l’ordre de la Libération. Les titulaires seront ses compagnons. Un ordre très peu décerné que ce soit à des femmes (pas beaucoup, 6), à des hommes restés pour la plupart méconnus, à des villes françaises martyres, des unités combattantes. Au total 1038 personnes, 5 communes, 18 unités ont été élevées dans cet ordre qui disparaîtra à la mort du dernier compagnon et n’a plus admis de membre après 1946.
On va retrouver quelques figures de cet ordre mythique, prestigieux, dans Les Compagnons de Libération, collection que publie Grand Angle. Une excellente façon de rendre hommage à ces Français qui se sont battus pour que la France vive, se libère, au péril de leur vie, de leur famille restées otages, sans certitude du lendemain. Deux noms célèbres ouvrent les pages du souvenir, le Général Leclerc qui avait fait le serment que le drapeau français reflotterait sur Strasbourg, et Pierre Messmer qui deviendra ensuite ministre de De Gaulle. Il y aura aussi Jean Moulin et, on l’espère, des noms de personnages moins connus mais tout autant héroïques.
Le Général Leclerc est commandant en décembre 1940 au Tchad, à Fort Lamy. Il va fédérer les troupes coloniales de l’empire français, refuser l’armistice. Il attaque Koufra, un défit avec un distance de 1500 kms à travers le désert. La colonne avec Massu, un autre compagnon que l’on retrouvera plus tard monte une expédition qui sera appuyée par les Anglais. Mais cela risque d’être un échec. Ce qui n’arrête pas Leclerc qui attaque les Italiens, détruits leurs avions au sol. Koufra est assiégé. Et se rend. Les Italiens ont cru les Français supérieurs en nombre. Un premier pas vers la victoire. C’est à Koufra que Leclerc fait avec ses hommes le serment de libérer Strasbourg. Il l’accomplira, libérale Paris, prendra Berchtesgaden avec la 2e DB. Leclerc s’appelait Philippe de Hautecloque. Il avait changé de nom pour que sa famille en France ne soit pas inquiétée. Il sera l’un des négociateurs en Indochine avec Ho Chi Minh et aurait pu éviter la guerre si on l’avait écouté. Il mourra dans le crash de son avion près de Colomb-Béchar en 1947. On parlera d’attentat. Jean-Yves Le Naour est au scénario très axé sur Koufra. Frédéric Blier est au dessin. Un cahier documentaire en fin d’album (c’est la cas pour tous les titres) a été réalisé par le musée de l’Ordre de la Libération.
Les Compagnons de la Libération, Tome 2, Général Leclerc, Grand Angle, 14,50 €
Pierre Messmer est juriste, sous-lieutenant en 1940 et avec Jean Simon refuse de capituler. Pétain pour eux est un traître. Messmer et Simon embarquent sur un cargo italien pour l’Algérie, le détournent et comme ils ont lu un article sur l’appel du 18 juin rejoignent l’Angleterre où ils remettent le bateau aux Gaullistes. Messmer intègre la Légion, la célèbre 13e Demie Brigade, la DBLE qui s’est battue à Narvik. Direction l’Afrique. Combats de Libreville en novembre 1940, rencontre avec Leclerc et l’Érythrée en 1941 avec ses légionnaires. Ils prennent un fort italien. Messmer est fait compagnon par De Gaulle en mai 41 en Palestine. Prise de Damas, bataille de Bir Hakeim avec Koenig, c’est l’une des grandes heures de gloire des Français Libres. Messmer repartira en Angleterre. Ministre des Armées, Premier Ministre de 72 à 74, académicien, Messmer reste une figure du gaullisme. Catherine Valenti a signé le scénario très précis et cadré. Philippe Tarral a apporté a vie son dessin le souffle à l’aventure d’un homme désintéressé, assez renfermé mais fidèle à sa vision de la France.
Les Compagnons de la Libération, Tome 1, Pierre Messmer, Grand Angle, 14,50 €
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