Un épisode peu connu même si on commémore cette année le 75e anniversaire du 6 juin 1944. A l’intérieur de terres, loin des zones de largages prévues, pas loin de deux cents paras US se retrouvent par erreur parachutés tout près du village de Graignes en Normandie, au sud de Carentan. Seule solution pour eux, attendre dans le village aidés par les 800 habitants la jonction avec les troupes alliées qui devraient arriver. Mais les Allemands du 38e bataillon de la 17. SS-Panzergrenadier-Division Götz von Berlichingen, pas des tendres, nazis sanglants assiègent puis prennent le village malgré la résistance des paras. Et abattent prisonniers US et civils, les prêtres, mettent le feu. Six jours est leur histoire. Robert Venditti, Kevin Maurer au scénario, Andrea Mutti au dessin retracent cet épisode et rendent hommage à ces hommes et ses femmes qui ont fait un front uni, Américains et Français, pour la libération de leur pays.
6 juin 1944, le ciel de Normandie se remplit de corolles de parachutes et de planeurs bourrés d’hommes. Mais les pilotes des Dakota qui les portent se trompent au moins pour deux cent d’entre eux. Ils arrivent à 20 kms du point initialement prévu, dans des marais près de Graignes. Guidés par le clocher de l’église les paras de la 82e rejoints par d’autres de la 101e Airborne pénètrent dans le village. A leur tête le major Jameson et le capitaine Bronson. Ils décident de fortifier les lieux et d’attendre une probable jonction avec les troupes alliées. La population immédiatement les adopte. Avec les paras il y a Bourreau un Cajun de Louisiane qui parle français. Les villageois aident les paras à récupérer les containers d’armes et de munitions perdus dans les marais. Ils récupèrent mitrailleuses et mortiers. Ils sont au total 182 paras US pris au piège avec la population dans Graignes. Les habitants dont le maire et le prêtre sont conscients des risques encourus. Les Allemands d’un division SS sont tout prêts. On entend les chenilles de véhicules. Deux estafettes motorisées sont abattues.
32 paras tués ou fusillés, 44 villageois assassinés, deux maisons sont restées intactes. Graignes est un village martyr. Hitler avait donné l’ordre que paras et commandos ennemis soient tués sur place. Il reviendra sur cette décision par crainte d’un retour de flamme pour les prisonniers allemands dont les SS. L’oncle de Robert Venditti a été tué au combat. On comprend pourquoi il a voulu revenir sur la bataille de Graignes. Est-ce que les SS ont été poursuivis après la guerre ? Reste ce récit très documenté et mis en scène. On aurait peut-être aimé plus de précision dans les détails mais Six Jours est un comics, par une BD franco-belge, c’est vrai. Ce qui ne lui enlève en rien son émotion et sa force évocatrice. Le courage et la détermination de ces femmes et de ces hommes, venus de bien loin pour les paras, ont sauvé la démocratie et la liberté. C’est toujours bon de nos jours s’en souvenir.
Six Jours, La tragédie du village de Graignes, Urban Comics, 15,50 €
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