Une histoire vraie qui montre à quel point tout peut déraper, mais est-ce le bon mot, dans le destin d’un enfant. Mohamed a 13 ans en 1989. Il vit en Cisjordanie. Curieux mais pas concerné, il se retrouve dans une manifestation pour la libération de la Palestine. Arrêté par les Israéliens, il est mis en prison. C’est le début à la fois d’une épreuve terrifiante mais aussi de la prise de conscience de son statut. Céline de Gemmis et François Bégnez au dessin trace le portrait d’une conversion politique en fait. Un trait simple pour une histoire qui ne l’est pas. Le conflit israélo-palestinien, avec aujourd’hui mur et colonies n’a fait que s’aggraver. Seule une paix juste doit être la solution. Ce qui pourrait parfois paraître illusoire.
Il s’est retrouvé dans une prison israélienne, une cagoule sur la tête. Par hasard le chemin de Moh a croisé celui d’une manifestation pour la liberté en Palestine. Des pierres, une rafle et le jeune garçon va basculer dans l’âge adulte pour le pire. Un gamin agressé et par une femme soldat. Jusqu’alors la vie de Mohamed était banale, des parents avec un père prof, des frères et sœurs. Quand arrive l’intifada en 1987. Dans sa prison, accroché à une rampe, Moh se souvient. Un soldat israélien, juif et arabe, le surprend. Il faut que Moh avoue et un tribunal, où on l’a déjà jugé coupable, lui colle huit mois de détention. Ce sera son premier contact avec des militants qui cherchent, chacun sous leur bannières , à l’enrôler. Avec ou sans religion. Moh commence à construire des raisonnements. Libéré, rien ne va plus être comme avant.
Voilà comment, et on le verra encore plus dans la suite du récit, un enfant peut être contraint à basculer de l’autre côté de la force alors que, si il avait été libéré de suite, il y a de fortes chances, mais rien n’est sûr, qu’il aurait eu au moins une enfance sereine. Très difficile à décrire cette bascule illustrée par un résumé de la montée en puissance du sionisme, de la volonté de création de l’État d’Israël qui répondait, encore maintenant, à pouvoir avoir un pays capable de se défendre contre une autre Shoah. Se débarrasser du problème arrangeait bien certaines démocraties, USA en tête, et d’autres au prise avec des guerres coloniales sur territoire arabe. Ce sont les études qui vont éviter la radicalisation de Moh sans que pour autant il renie son statut de Palestinien. Comme le dit Moh, il cultive son jardin entre Orient et Occident. Un ouvrage net, clair et intelligent sur un sujet qui revient souvent sur la table, avec tous les hauts et les bas d’une guerre sans fin basé sur une intransigeance de part et d’autre. Un témoignage honnête et sincère.
Moh, Palestinien mais presque, La Boîte à Bulles, 16 €
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