Une cavale à travers une Allemagne nazi qui s’écroule mais mord encore. Pour Aurelius, Solveig et Jorg la mort est une vieille compagne. Pourtant ils n’hésitent pas à l’affronter pour retrouver Nathan et Nadia, sans oublier leur invité, Stadler, ingénieur aéronautique spécialiste des fusée, aussi franc qu’un âne qui recule et qui veut passer un marché avec les Américains. Comme, on va le voir, un certain Von Braun, célèbre pour ses V1 et V2, a fait de même. Une ironie du sort en cette année du cinquantième anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune. Von Braun a en avait conçu le lanceur. La fin du diptyque ouvert par le tome 7 d’Airborne 44. Philippe Jarbinet avait dévoilé un brin de l’intrigue lors de sa rencontre avec ligneclaire pour la sortie du tome 7 il y a un an. Il disait « Je vous présente en entrée ce qui va se dénouer à la fin. J’aime bien comme lecteur être manipulé ». Maintenant, on sait mais pour le découvrir il faudra lire cet album, une nouvelle réussite signée Jarbinet. Et après ?
Le camion roule à travers une Allemagne en déroute et sous les bombes. Pourtant les rouages du Reich ne sont pas encore grippés. Gestapo et SS sont actifs et dangereux. Aurelius veut retrouver Nathan et Nadia. Avec Solveig et Jorg ils les rejoignent à un barrage tenu par des vieux du Volkssturm, auxiliaires de l’armée. Ils réussissent à passer pendant qu’à Berlin on s’inquiète à la Gestapo de la disparition de Stadler. Aurélius maquille le camion en véhicule de la Croix-Rouge et se mêle à la foule de réfugiés qui fuit les Russes et les combats. Ils passent la nuit dans une ferme mais leur hôte a eu son fils tué en Russie et c’était un SS. On ne perd pas facilement ses bonnes habitudes de dénoncer des suspects. Mais la Gestapo arrive trop tard. Prisonnier d’Aurelius l’ingénieur Stalder semble coopérer.
Jarbinet a parfaitement conçu cette course à la vie mais qui s’en sortira vraiment ? Jarbinet confiait qu’on lui reprochait que ses histoires finissaient trop bien. A voir cette fois. Une documentation d’une rare précision mais c’est une constante dans Airborne 44. Des destins qui se bousculent, des vrais méchants, et Solveig personnage attachant embarqué malgré elle dans un aventure tragique, les personnages ont tous leur relief, leurs failles et leur détresse. S’y rajoute ce lien avec la course à la Lune et Von Braun, l’absence d’états d’âme des Américains comme des Russes de récupérer quelque soit leurs crimes les savants allemands en 1945. La grande Histoire peut balbutier volontairement en absence de toute morale.
Airborne 44, Tome 8, Sur nos ruines, Casterman, 14,50 €
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