Non, ce n’est pas vraiment Peau d’Âne revisité. Encore que Stéphane Fert ne se cache pas d’avoir été inspiré par le célèbre conte dont la belle Catherine Deneuve avait fait un succès à l’écran. Cette fois c’est un petit prince perdu dans une forêt qui va chercher l’amour et trouver bien des ennuis. Un asticot comme le qualifie la reine des fées beaucoup sorcière, modèle d’humour grinçant. On suit sans sourciller le jeune homme sur les traces de la belle qui va se réfugier chez un roi fou d’elle. La suite est une aventure bouillonnante et envoûtante. Une vraie réussite.
Il va y perdre un œil le gentil jeune homme qui cherche la princesse. Les monstres de la forêt ne sont pas des tendres. Un corbeau va le conduire chez la reine des fées, enfin qu’elle dit la vilaine sorcière Margot dans son Château des Insectes. Elle va pourtant l’aider le petit humain qui ne se laisse pas désarçonner par la magie qui l’entoure. Elle fait des sorts imparables et des contes non moins puissants. Il était une fois la Belle qui vivait dans un village. Effrayée par le destin que lui promet sa famille, elle s’enfuit et tombe sur le lugubre roi Lucane qui règne sur la forêt. Il flashe de suite sur Belle qui n’a pas envie de devenir une épouse docile. Pourtant le roi lui confectionne une robe superbe et magique. Le couple donne jour à une petite fille, Ronces, mais Belle se meurt. Le roi lui promet de s’occuper de leur fille mais, terrassé par le chagrin, il ne supporte plus la vue de Ronces. Le roi envoute mille bêtes pour s’occuper d’elle. Ronces grandit et devient de plus en plus belle protégée par ses amis animaux.
Elle ne va pas avoir la paix longtemps la jolie Ronces avec un père incestueux, mais comme elle a un sacré caractère ça va chauffer. Elle va tomber sur le beau jeune homme, le prince Lou, philosophe en diable. La suite n’est pas aussi simple qu’il pourrait y paraître. Ce qui fait tout le charme de ce conte à la fois charmant et épique, fantastique avec sa peau qui recouvre Belle et ses dents pointues. Une histoire d’amour, pleine de rebondissements, de coups de théâtre, un dessin et des couleurs superbes, qui donnent aux images un pouvoir charmant parfait pour ce sujet. Il y aussi de la poésie dans ce conte, de la tendresse. On a aimé la princesse de Trou-Perdu-en-Cambrousse et la formule « plus on rentre dans le moule, plus on ressemble à une tarte ». Et puis une fin inattendue, sacré Margot. Un très joli voyage enchanté et enchanteur
Peau de Mille Bêtes, Delcourt, 18,95 €
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