Un travail énorme, difficile, pointu que de vouloir, avec des gravures d’époque, retracer la Commune comme avec un dessin original. Il en aura fallu 15 000 à Meyssan qui n’est pas un dessinateur pour signer cette œuvre, un réquisitoire contre ceux qu’on appellera les Versaillais qui anéantiront la Commune. La force de ces Damnés de la Commune réside non seulement dans ce choix très abouti fait par Raphaël Meyssan mais aussi par le scénario qui va s’efforcer de rendre compte de l’un des plus hors normes épisodes de notre Histoire, puis à tracer le destin de deux anonymes. On retrouve donc Victorine et le mystérieux Lavalette dans cette fresque bien éditée, mise en valeur dans de beaux albums. Un tome 2, Ceux qui n’étaient rien, époustouflant.
19 mars de nos jours, le Sacré Cœur fait son plein de touristes venus apprécier au pied de cette grosse guimauve, une vue de Paris d’exception. En 1871 le peuple près de l’Hôtel de Ville, les Ministères. Le gouvernement part à Versailles. Il reste 72 jours à la Commune à vivre. Victorine est découragée, elle perdu un enfant mais elle veut savoir ce qui se passe. Un comité central se réunit dont personne ne gardera trace des débats. Lavalette signe une affiche, les obscurs vont rentrer dans le rang et laisse au peuple les mains libres. Paris veut voter, l’armée évacue vers Versailles les trésors de l’état. On rêve un peu à la Commune. On vire Thiers, les généraux et on prend Versailles. De qui se souviendra-t-on ? Des Communards ou des Versaillais ? L’Assemblée nationale réfugiée considère que la Commune usurpe le pouvoir. Paris doit se soumettre. La Garde Nationale tire sur Les amis de l’ordre. Les deux camps vont être impossible à réconcilier. Victorine va nourrir les insurgés.
Un jeu d’aplat différents pour les cartouches des dialogues selon le narrateur, une mise en page très cadrée qui ne ferme pas les pages à parfois de superbes gravures complètes, on suit pas à pas, sans difficultés, de façon très humaine, les évènements largement décrits, disséqués. Le résultat obtenu par Meyssan est étonnant. Un monde noir et blanc, gravé, qui aurait pu rebuter, au contraire passionne, accroche l’œil et l’esprit. On comprend aussi l’échec annoncé des Fédérés face à des Versaillais manipulateurs et qui tenaient les rênes en sous-main. L’enquête progresse, on est au cœur de l’action. La Commune sera inconsciente du danger. Le bain de sang se prépare. On découvre aussi les Communes régionales dans les grandes villes françaises. Une série fascinante qui fait date.
Les Damnés de la Commune, Tome 2, Ceux qui n’étaient rien, Delcourt, 23,95 €
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