Le sujet est bien choisi, étonnant. Un jeune policier, en pleine crise ukrainienne de 2014, à Kiev, se voit propulsé dans une aventure amoureuse qui peut remettre toute sa vie en cause. Maïdan Love, du nom de la célèbre place où ont eu lieu les évènements, est une série qui sort des normes. Elle ramène d’abord à cette crise entre Ukraine, Russie et Europe indécise. Dix ans plus tôt, l’Ukraine se libérait. Cette fois, Christophe Alliel retrouve au dessin (Les Chiens de Pripyat) le scénariste Aurélien Ducoudray. On revit une époque quelque peu, déjà, oubliée à travers le destin de Bogdan, témoin privilégié et en première ligne d’un drame sanglant pour le rattachement de l’Ukraine à l’Europe.
Tout a dérapé. Bogdan est tombé, en pleine manifestation, sur son formateur à l’école de police. Il s’en sort mais veut à tout prix récupérer son portable pour joindre sa fiancée, Olena. Autour de lui sur le Maïdan, place symbolique, les combats font rage entre les Berkout, brigades spéciales, et les manifestants pro-Europe. Pourtant trois mois avant, il se rendait à une fête pour y retrouver Olena. Une jeune femme lui donne le code de la porte et lui permet d’entrer. Quand il dit qu’il est policier aux invités, on sent la tension car l’Ukraine est en crise. Au pouvoir, il y a un président corrompu qui a fait enfermer sa rivale Timochenko, héroïne de la révolution mais tout autant corrompue. Avec un Poutine musclé qui joue la carte d’un rapprochement de l’Ukraine avec la Russie contre celui à l’Europe. Bodgan se fait draguer par Yvanna, le jeune femme rencontrée à l’arrivée ce qui rend Olena jalouse. Le garçon rejoint l’école de police sous les ordres d’un capitaine instructeur implacable. Mais Olena ne donne plus de nouvelles. Bodgan et les stagiaires sont appelés en renfort sur la place du Maïdan alors qu’Olena active un code d’alerte sur le portable du policier.
Un amoureux transi qui va avoir un choix à faire dans une ambiance électrique où tout peut mal tourner. On n’en dit pas plus sur les aléas musclés que va devoir affronter Bodgan, pas vraiment un héros mais un brave type pris dans un engrenage à la fois historique et d’action. Le scénario de Ducoudray, tendu, tient bien la route et, en plus, apporte une vraie vision certes romanesque mais aussi reportage sur cette année 2014 en Ukraine. Des personnages forts comme ce défenseur de Lénine accroché au passé, ou ce manifestant qui considère que l’histoire d’un pays se fait dans la rue et pas dans les livres. C’est une coïncidence mais on pourrait presque piocher dans ce Maïdan Love des similitudes avec une actualité encore récente et bien française. Encore que les situations ne soient pas comparables. Vouloir être européen est au moins un projet précis et défendable. Que va-t-il arriver à Bodgan ? Le dessin d’Alliel est sans bavure, réaliste, vivant, vrai.
Maïdan Love, Tome 1, Olena, Grand Angle, 14,90 €
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