Si on connait à peu près tout de l’épopée d’Astérix et Obélix en France et en Belgique, depuis sa création en 1959 à nos jours avec la reprise par Ferri et Conrad, on sait moins que les deux Gaulois ont traversé très tôt l’Atlantique pour aller séduire nos cousins québécois. Tristan Demers dit tout sur cette grande aventure dans un bel album richement documenté, Astérix chez les Québécois. Un Gaulois (non deux) en Amérique est une belle somme intelligente et drôle, passionnante, qui fait découvrir de nouveaux horizons dans la saga la plus mythique du 9e Art avec celle de Tintin.
Il est vrai que pour désormais plusieurs générations, Astérix fait partie du patrimoine, de la vie quotidienne ou de la mémoire collective. Si on y pense bien, au moins pour ceux qui ont eu la chance de découvrir Astérix à ses débuts dans Pilote, ce ne sont que 6000 albums tirés pour le premier épisode. Une goutte d’eau. D’où le besoin d’aller chercher ailleurs de nouveaux lecteurs alors que le succès ne fait que grandir. Au Québec, si on aime bien la BD diffusée le plus souvent à l’américaine dans les quotidiens, on a eu à faire à une censure qui allait laisser place à un nouveau système d’éducation publique. On y lit Bob Morane ou Martine. Côté BD locale, on reste dans l’inconnu. Et pourtant Astérix va débarquer. Un accord avec Dargaud et Michaud, patron du journal La Patrie, Astérix est désormais québécois. Tous les autres journaux vont s’y mettre, avec des suppléments et Pilote qui a aussi suivi le mouvement. On pousse les feux, les albums arrivent, Astérix, Talon ou Lucky Luke. Et puis, comme le rappelle Demers, il y aura le cinéma. Enfin, le dessin animée en 1968. Pas vraiment un chef d’œuvre. Radio-Québec, chaine TV, achète les droits de diffusion des films, la pub s’en mêle et les auteurs voyagent. Uderzo, Goscinny, Mézières, Charlier ou Fred viennent dédicacer et rencontrer leurs fans québécois. Astérix a acquis ses lettres de noblesse dans le nouveau monde francophone.
Tristan Demers a fait un vrai travail de Romain. Et oui, il fallait bien ça pour parler du petit Gaulois et de tout ce qui allait fortifier le phénomène outre-atlantique. Le livre croule sous une superbe documentation inédite qui fera la joie des fans. Anecdotes, rappels politiques aussi, spectacles, le Québec a adopté Astérix qui avait ce petit côté résistant bien sympathique aux Québécois après un célèbre discours d’un non moins célèbre général français. Rien à jeter dans cette bible savoureuse, une découverte qu’il fallait écrire à la gloire aussi de deux merveilleux créateurs, Goscinny et Uderzo.
Astérix chez les Québécois, Un Gaulois en Amérique, Éditions Hurtubise, 27 €
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