Toujours aussi jeune et inventif, Jodorowsky. Ses Chevaliers d’Héliopolis partent dans tous les sens mais on se dit qu’après tout, on pourrait y croire à son Louis XVII réécrit profil hermaphrodite. En prime, il en fait la tentation de Bonaparte, embarqué malgré lui dans la campagne de Russie où il doit laisser toutes les plumes de l’aigle impérial. Le duo Jérémy et Alejandro Jodorowsky s’est associé pour un balade d’action, de plaisir, de charme et de passion. Reste à en déceler les motivations profondes, ésotériques bien sûr.
Il n’en dort plus Napoléon et dédaigne la Beauharnais depuis qu’il a embrassé la belle, le beau Asiamar, ex Louis XVII. Il le cherche partout, dans toutes les maisons closes de France et de Navarre. Asiamar, de son côté, a des problèmes. Les Chevaliers d’Héliopolis n’acceptent pas ses états d’âme. Il faut qu’il affronte et batte Napoléon. Il n’est pas une femme amoureuse mais un chevalier combattant. Pourquoi a-t-il embrassé l’ogre alors qu’il aurait dû le tuer ? Trop bon Asiamar. Il doit se refondre en une seule personne et faire preuve de cruauté. Femme ou homme, la dualité est sauvage. Il réussit l’ultime épreuve d’alchimiste. En femme, il retrouve Napoléon à Notre-Dame et lui fait promettre d’attaquer la Russie qui sera en fait un piège fatal. L’empereur Russe est persuadé par un Chevalier de pratiquer la politique de la terre brûlée qui verra la fin de la grande armée. Mais Napoléon a de la ressource et une abeille gravée sur le ventre lui donne des pouvoirs surhumains.
Fantasque ce nouvel épisode, un brin surréaliste à la Bunuel, fantastique aussi dans un registre exploité déjà par Jamar et Dufaux dans Double Masque, Napoléon l’immortel change de registre et sauvera le monde. Étonnez nous Jodorowsky. C’est presque fait avec cette fresque ésotérique à laquelle Jérémy apporte son dessin élaboré et flamboyant.
Les Chevaliers d’Héliopolis, Tome 3, Rubedo, l’œuvre au rouge, Glénat, 14,50 €
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