Papa, maman, Rosie et moi, Ada, on est une famille d’aujourd’hui où tout va bien. Ou presque. Elle se croit moche, Ada, la fille ainée. Elle est une persécutée notoire et crie à l’injustice. Faut dire qu’Ada est ado. Sa créatrice, c’est Dorothée de Monfreid, auteur jeunesse confirmée, qui dans cette BD raconte avec humour sa vie, la sienne, son quotidien familial qui ressemble beaucoup au nôtre. Des personnages style cochonou, animaliers, où le stress s’est fait une place de choix. Les gags sont francs et frais, adorablement acerbes. Ada renvoie à sa mère sa propre image d’ex-gamine difficile. Mais Rosie, la plus jeune, désamorce le débat. Du cousu main bourré d’humour et, bien sûr, de tendresse.
Si elle est stressée par la rentrée scolaire ou le terrorisme, l’amour ça l’angoisse, Ada. Sa mère la surveille comme le lait sur le feu et lui sert de préceptrice. Pas simple. Surtout que de nos jours, si on n’a pas un bac S, on peut tout juste espérer faire du baby-sitting. Sauf que c’est nul parce qu’on est obligé d’être gentille. Elle se raccroche à ce qu’elle peut, Ada. A un bon disque des Kinks, par exemple. Maman est le bonne à tout faire, des impôts à la leçon d’anglais ou de clarinette. Un vrai classique familial bien connu. Même quand elle a de bons résultats en classe, Ada nie. Elle n’aime pas grand chose sauf les cadeaux. Elle est lucide mais chiante. C’est sa mère qui le dit et la menace d’en faire un personnage de BD. Quand elle lit un roman, si le héros est trop optimiste, elle n’aime pas.
Ada est une synthèse, peu de failles ni de remords. Mais elle n’est pas seule dans ces gags pleins de vie et de vérité, pratiquement intemporels. On comprend bien que Dorothée de Monfreid, au lieu de partir en voyage pour respirer comme c’est la tradition dans la famille, se livre, dessine ses aventures, se défoule et a un blog sur Libé. Des planches à effet boomerang, on rit et on se dit, qu’après tout, on est proche d’eux, ces joyeux drilles. Il n’y a que le père qui fait de la figuration mais sait commander des pizzas. Place à ce trio féminin désormais de papier, pour notre plus grand plaisir.
Ada & Rosie, Mauvais esprit de famille, Casterman, 18 €
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