Elle est la clé du roman de Dumas. Milady de Winter aurait bien mérité que son nom remplace celui des Trois Mousquetaires au frontispice de cette œuvre emblématique si souvent adaptée. Elle vient de l’être une fois de plus mais avec une vision non seulement réjouissante mais captivante par Sylvain Venayre, historien, qui remet en cause les intentions de Dumas dans son écrit. On a interviewé Sylvain Venayre, dont sera dès demain publié l’interview. C’est en fait à Athos que le scénariste donne la parole sous le crayon de Frédéric Bihel. Dumas se serait largement inspiré de ces soit-disantes mémoires, celle du comte de La Fère. En les passant au crible, c’est le personnage de Milady qui en sort en tête. Un mystère dans les Trois Mousquetaires ? Pourquoi pas.
Elle va à la chasse avec son mari, Anne de Breuil devenue comtesse de La Fère. Le comte l’y oblige mais elle tombe de cheval et dévoile la flétrissure qui orne son bras, une brûlure au fer rouge qui prouve qu’elle a commis un crime. Pas content, le comte découvre la trahison et la pend. Dix ans plus tard, Anne c’est Milady, au service du Cardinal de Richelieu, qui croise la route d’un jeune gascon qui veut devenir mousquetaire. Milady part à Londres surveiller le duc de Buckingham. Elle apprend le mort du comte de La Fère ce qui légalise son mariage avec le comte de Winter. Elle devient un agent dormant, fait un fils et attend les ordres. Elle a enterré Winter sans pour autant hériter. C’est son beau-frère qui a touché le jack pot. Quant arrive un message du Cardinal. Elle doit voler à Buckingham deux des ferrets de diamants qu’il porte. Ils lui ont été donné par la reine de France. Milady approche le duc qui la drogue et la viole. Milady a les ferrets qui pourraient provoquer la chute de la reine car le roi lui demandé de les porter à un bal de la cour de France. Piégée la reine, sauf que les mousquetaires et D’Artagnan lui sauve, on le sait, la mise. Ce qui n’empêche pas le jeune homme de s’enticher de Milady alors que Madame Bonacieux est retenue sur son ordre dans un couvent.
C’est ensuite une chevauchée héroïque dans laquelle Milady va à la fois jouer ses cartes, perdre et gagner. On va lui découvrir des sentiments pour le comte de Wardes, et un D’Artagnan manipulateur sans scrupules. Du coup et c’est l’un des talents de la version de Venayre, Milady se dévoile, furie vengeresse au visage enfiévré. On laisse au lecteur le soin de découvrir le destin de cette maîtresse femme qui ne sera pas exactement celui promis par Dumas. Ce qui pourrait presque, sur un scénario original cette fois, lui ouvrir les portes d’une suite. Bihel en rend un portrait qui lui va à merveille. Elle est une femme de tête, forte et sauvage. Ce sont les hommes qui sont ses jouets, pas le contraire. Voilà ce que Dumas aurait voulu faire passer comme message dans son roman. Dumas féministe avant l’heure. Une préface et une postface argumentent avec talent le déroulé de l’album.
Milady ou Le mystère des Mousquetaires, Futuropolis, 20 €
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