Une série parfaitement menée depuis le début par Vincent Dugomier au scénario et Benoit Ers au dessin. Les Enfants de la Résistance, que l’on suit avec plaisir, est en fait aussi un hommage à ces gosses qui ont servi de messagers ou de guetteurs aux réseaux qui se battaient contre l’occupation allemande et le régime de Vichy. Certes, Dugomier, on en avait parlé avec lui, transforme ses héros en acteurs très actifs, et même en chefs d’un réseau en contact avec Londres. Peu importe car les trois enfants, dont une jeune allemande qui fuit le nazisme, permettent de replacer dans un contexte historique sans faille l’action de ces héros de l’ombre qui ont souvent payé leur courage de leur vie. Cette fois, on est en automne 1942. La France va être bientôt totalement envahie. Et la Milice sévit avec une rare violence contre les Juifs et les Résistants.
Zone occupée, zone libre, fin 1942, la ligne de démarcation permet de faire passer des réfugiés ou des agents vers le sud. Mais ce n’est pas sans risque car les patrouilles allemandes veillent. Eusèbe rejoint François et Lisa. Il a des journaux collaborationnistes qui montrent les raids alliés sur la France. Sous le couvert de leur réseau Lynx, ils ont pu convaincre le notaire du village de les aider. Il a un laissez-passer permanent et hait les nazis. François le convoque et lui transmet un message de Lynx. Il faut trouver une planque au nouvel opérateur radio qui a été parachuté. La papa d’Eusèbe, instituteur, va subir un contrôle d’un inspecteur envoyé par Vichy. Eusèbe trouve la planque rêvée pour son radio, la maison d’une personnage âgée décédée. Le maire joue le jeu. Des avions alliés survolent le village. Mais Lisa, qui sait ce que sont les bombardements, ne s’en réjouit pas. Elle pleure aussi ses parents et se souvient comme elle avait été enrôlée dans les Jeunesses hitlériennes.
Les risques inouïs pris par les radios pistés par les Allemands à la moindre émission, le détail très précis de leur action et de leur façon de travailler, les réquisitions, les bunkers qui fleurissent, le sabordage de la flotte à Toulon et l’invasion de la Zone Sud, le STO, on est à un tournant avec ce tome 5, Le pays divisé. Police, gendarmerie, Milice française traquent les Résistants, assistent la Gestapo. Les Alliés débarquent en Afrique du Nord. Sans oublier que nos trois gamins deviennent ados avec leur lot d »émotion sentimentale. Ce qui va compliquer un peu le débat. Collabos, résistants, attentistes, un rendu parfait soutenu par un dessin sans erreur, ligne claire, efficace. Une série qui est un appel à la prudence, à la vigilance car, sans être pour autant dans le cadre d’une invasion, rien ne dit que notre liberté ne puisse être remise un jour en question. La cahier historique de fin d’album est remarquable. Une série qui devrait être diffusée systématiquement dans les écoles.
Les Enfants de la Résistance, Tome 5, Le pays divisé, Éditions Le Lombard, 10,95 €
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