Un prix que l’on aime annoncer chaque année, le prix Artémisia a été co-fondé en 2007 par Chantal Montellier et Jeanne Puchol. Il a pour objectif de mettre à l’honneur la production féminine dans la bande dessinée pour le scénario et/ou le dessin. On sait comme le fait remarquer le communiqué d’Artémisia que le nombre de bandes dessinées réalisées par des femmes est toujours en constante progression. C’est ainsi que les membres du jury Artémisia ont décidé cette année de décerner 7 prix, dont un grand prix, et 2 titres ex aequo, 19 albums avaient été sélectionnés sur plus d’une centaine durant l’année 2018.
Claire Malary obtient le Grand Prix Artémisia 2019 pour son album Hallali paru aux éditions de l’Oeuf. Un bref résumé : Un homme fuit une meute de loups. Une jeune femme fuit deux agresseurs. Deux chasses à l’humain qui se croisent. Deux techniques de dessin qui se croisent puis se mélangent: encre et aquarelle. Une grande intelligence visuelle, une exigence esthétique rare dans la bande dessinée. Un récit silencieux aussi puissant que captivant.
Melaka reçoit le Prix Artémisia du Témoignage pour son album Sous les bouclettes paru aux éditions Delcourt. Le titre intercale deux narrations : celle de Gudule se rappelant les petites gaffes dont elle était coutumière et celle de Mélaka contant la fin de vie de sa mère. Si ce roman graphique brosse le portrait d’une famille attachante, on retiendra surtout le cri d’amour poussé par Mélaka pour celle qui, en dehors d’être sa maman, fut en réalité sa meilleure amie. “Gudule” et Paul Carali, les parents de Mélaka ont accompagné de leurs productions et de leurs rires la jeunesse des pionnièr-e-s de la BD adulte, leur fille ne les a pas trahi et reprend le flambeau avec talent, même si c’est pour nous faire pleurer.
Le Prix Artémisia Prix René Dumont est décerné à Catherine Meurisse pour son album Les Grands Espaces paru aux éditions Dargaud. Avec humour et tendresse, l’auteure raconte le paradis de l’enfance, que la nature, l’art et la littérature, ses alliés de toujours, peuvent aider à conserver autant qu’à dépasser. Les Grands Espaces raconte le lieu d’une enfance et l’imaginaire qui s’y déploie, en toute liberté. Catherine Meurisse signe un album revivifiant, poétique et politique. Une belle leçon de vie, et de ressourcement, après un massacre abominable.
Le Prix Artémisia Mémoire est attribué à Hanneriina Moisseinen pour son album La Terre perdue, paru aux éditions Acte Sud l’An 2. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1944, au moment où l’Union soviétique s’empare de la Carélie finlandaise, une femme, Maria, reste au village pour s’occuper de ses vaches. Un soldat qui perd la tête, sur le front, est considéré comme déserteur. Récit poignant sur une tragédie universelle, où des photos des archives de l’armée finlandaise se mêlent aux dessins au crayon. Livre dans lequel on entre à reculons tant il semble austère. Livre que l’on n’ose pas quitter de peur de paraître lâche à ses propres yeux. Livre qui finalement sait retenir et que l’on apprend à aimer image après image, mot après mot. Livre plus près de Bergman que de Mickey, pour le plus grand honneur de l’art narratif.
Le Prix Artémisia du Combat féministe est attribué à Una pour son album L’Une d’elles, paru aux éditions Ça et là. Un récit personnel dévastateur sur les violences faites aux femmes sur fond d’affaire de l’éventreur du Yorkshire, le tueur en série qui a sévi en Angleterre et tué treize femmes entre 1975 et 1980. Une femme, en France, serait violée toute les 8 minutes, une autre assassinée tous les deux jours. Les images narratives, les témoignages comme celui-ci, aideront-ils à faire reculer les bêtes immondes ?
Les membres du jury du prix Artémisia ont décidé d’attribuer le Prix du Dessin à deux auteures ex aequo : In-Humus de Linnea Sterte paru aux Éditions de la Cerise et Bezimena de Nina Bunjevac paru aux éditions Ici Même. Deux albums magnifiquement dessinés et aussi loin l’un de l’autre qu’il est possible de l’être. Deux immenses talents de dessinatrices qu’Artémisia aimerait voir grandir. Linnea pourrait bien devenir l’héritière de Moebius, ce qui serait une grande première, tant l’histoire de la bande dessinée ne nous a donné à voir jusque-là, que des talents d’héritiers de sexe mâle.
La remise des prix sera animée par Catel Muller, ancienne membre du jury Artémisia, et Prix Artémisia 2014, pour son album Ainsi soit Benoite Groult paru aux éditions Grasset. Cette cérémonie aura lieu le mardi 15 janvier 2019 à partir de 18h30 à l’Institut AgroParisTech des sciences et industries du vivant et de l’environnement.
En partenariat avec Artémisia, Nuage Vert – musée mobile Vallée de la Dordogne annonce les prix 2019 à Argentat-sur-Dordogne et inaugure l’exposition : La guerre d’Espagne en BD : Lorena Canottiere, grand prix Artémisia rendant hommage au prix 2018. Cette exposition présente des planches originales de la créatrice ainsi qu’Une petite histoire de la bande dessinée (exposition-repère du Musée du Vivant) et des
pièces originales sur la guerre d’Espagne (8000 réfugiés espagnols sont arrivés dans le Limousin pour la seule année 1939).
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