Autant dire que le titre annonce la couleur et qu’on ne va pas faire dans la gaudriole, ni dans la comédie de mœurs avec happy end. Mon père ce poivrot est la lente descente aux enfers d’un brave type, comme c’est souvent le cas avec l’alcool. Un orphelin qui va tâter de la bibine très jeune et puis le piège de l’alcool destructeur. Il va avoir pourtant l’envie vitale de retrouver son fils et de lui demander pardon, prêt à tout pour l’aider. Stéphane Louis a choisi un sujet difficile, sans complaisance, en partie familial, et avec un réalisme que vient adoucir cependant la tendresse d’un homme qui se sait au bout du rouleau mais a la volonté d’essayer de s’en sortir.
Lulu est un pilier de bar. Pourtant quand il était gamin en 1948 son avenir n’était pas tracé. Le couple de braves gens qui l’avait recueilli se sont heurtés au refus de leurs propres enfants pour l’adopter. Lulu, malgré l’alcool semble avoir reconnu quelqu’un à la télé du bar dans un reportage sur les Zadistes. Saoul, il faut le ramener chez lui, dans la petite maison qu’il habite seul sur le haut du village. Mais il fait une pause à la gendarmerie, en cellule de dégrisement. Il finit par décider de prendre la route et se souvient comment en 1956 il avait juré un jour d’avoir une famille et de ne jamais la laisser tomber. Lulu va retrouver son ex-femme Louisette avec laquelle il a eu un fils, Rémy, celui qu’il cru voir à la télé.
Un petit bonhomme sans grand relief qui sera pourtant là une fois pour son fils, quand il le faut vraiment et va se racheter par amour. On est touché par ce drame violent où on parle d’alcoolisme, une maladie qui touche une part non négligeable de la population, méconnue car sournoise avec des rechutes imparables. S’en soigner est un combat à vie. Lulu est un exemple. De l’espoir dans ce roman graphique de Louis et une vraie émotion sur des couleurs de Daviet.
Mon père ce poivrot, Grand Angle, 16,90 €
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