Si on connait tous le nom d’Edgar Rice Burroughs, créateur de Tarzan, on sait moins que Joe Kubert a signé lui aussi quelques-unes des plus épiques aventures de l’homme singe. C’était il y a une trentaine d’années comme le rappelle lui-même Kubert dans le tome 2 de l’anthologie que vient de lui consacrer les éditions Delirium dont on de dira jamais assez combien elles œuvrent pour perpétuer et faire revivre des œuvres essentielles. Avec ce Tarzan d’un maître du comics, on passe dans un univers parfois assez loin de la savane, de Cheeta mais avec par contre une Jane dont on découvre quelques travers. Un dessin comme seul les grands noms des comics US savaient en tracer, avec une fougue et une envolée souvent lyrique de leurs personnages.
Il a un ennemi mortel Tarzan alors qu’il se balade à Paris bien loin de l’Afrique. On le piège pour qu’il porte secours à une charmante enfant en nuisette mais en réalité une bande de malfaisants veut sa peau. Le méchant Rokoff et l’ignoble Paulvitch ont monté ce piège pour que Tarzan soit arrêté par la police. La belle va mentir et dire que c’est lui qui l’a agressée. Il huit et monte au lampadaire. Il se souvient de sa rencontre avec la blonde Jane. Obligé de la laisser quelques temps, sa dulcinée est rentrée chez elle et s’est fiancée avec son cousin Clayton. Du coup Tarzan a renoncé à son titre de Lord Greystoke. Sur le bateau qui le ramenait, il a empêché un tricheur de voler aux cartes le comte De Coude dont la femme le remercie. Mais le tricheur, Rokoff, est son frère et veut faire chanter le comte pour qu’il lui livre des secrets d’état. Toujours à Paris, Tarzan reçoit une lettre de son cousin qui lui apprend qu’il va épouser Jane. Mais peu de temps après il reçoit un mot de la comtesse qui souhaite le voir. Sauf que ce n’est pas elle qui le lui a envoyé. Tarzan passe au yeux du comte pour l’amant de sa femme.
On est dans un registre en fait assez différent avec Kubert du Tarzan traditionnel même si Kubert l’adapte. En arrière plan, on a quelques souvenirs africains mais Tarzan est plus un aventurier élégant, au charme ravageur, qui ne sourit pas et applique sa propre justice. Il est entouré de jolies filles et se balade dans le désert saharien pour au passage quand même affronter un lion. On ne se refait pas. Mais il va rentrer au pays et reprendre ses aventures dans la jungle, découvrir une cité mythique et revoir Jane qui risque d’être sacrifiée. Mais une belle brune grande prêtresse, La, va tomber amoureuse de lui. Et elle a un frère qui vaut le détour. On adhère immédiatement aux histoires. Il y a une verve et un mouvement chez Kubert qui emporte tout. On est avec ce Tarzan qui affronte des monstres divers dont des yétis africains. Rien ne dérange Joe Kubert. Mais le lecteur le suit et découvrir son Tarzan est une expérience notable, très agréable, mouvementée. Fidèle cependant à Burroughs, Kubert lui apporte un souffle incomparable.
Tarzan, Intégrale Joe Kubert, Tome 2, Delirium, 35 €
En fait, c’est LUI le Tarzan traditionnel, celui de Burroughs, et pas forcément celui qui s’est imprégné dans la conscience collective, qui est en effet très différent sur de nombreux points. Kubert est le seul, à ma connaissance, qui ait adapté aussi fidèlement le Retour de Tarzan, roman dont vous avez résumé parfaitement l’intrigue. Bravo pour ce message !