De la Louisiane, on est passé à Montmartre. L’arrière-petite fille d’Isa, Zabo, est devenue Clara. La Commune a vécu et les déportés politiques sont revenus, amnistiés. On pleure Vallès à Paris. Et François Bourgeon poursuit son épopée des Passagers du Vent, le dernier cycle avec Le Sang des Cerises, premier volume d’un diptyque. Il va y avoir une transmission, une passation de destin entre Clara et une jeune Bretonne, Klervi. Bourgeon fait parler, témoigner Klervi qui sera la voix off, évoque le Tonkin en ce 16 février 1885. On s’y bat. Un premier livre et du Bourgeon pur et dur. Un dessin qui parfois se fige, zoome sur un visage, déconcerte aussi. Des décors travaillés, reconstitués. Montmartre restitué et des personnages connus ou pas vont se croiser. Clara et Klervi mènent la danse.
Elle a quinze ans, parle le breton et débarque, en costume traditionnel, dans un Paris qui ne l’attend pas. On est le 16 février 1885. Klervi ne le sait pas, on enterre Jules Vallès. Dans la foules des voleurs place de la Bastille. Clara, aidée par son ami le docteur Maze, va secourir Klervi que deux malandrins agressent. Plus de bagages et personne ne la comprend. Clara la prend sous son aile et elles passent par le Père Lachaise. Clemenceau, Vaillant, Rochefort, la Commune se souvient. Clara achète un nouveau trousseau à la jeune fille. 1888, sous la neige on vole à Clara son violon. Elle poursuit la drôlesse qui a rejoint son mac. Accrochage, et Clara reconnaît Klervi qui lui raconte comment elle a fini dans la rue. Les deux femmes sympathisent. Klervi se met à chanter. Elle a une voix superbe. Clara va lui apprendre aussi à jouer du violon. Elle sera le modèle de Lautrec. En 1889 la Tour Eiffel monte aux cieux. Klervi se met à l’accordéon.
Le titre de l’album n’est pas un hasard. On va parler Histoire et politique tout au long des aventures de Clara et de Klervi, de la Commune qui semble passionner Bourgeon et qu’on a oublié, si ce n’est sa fin sanglante sous les fusils de Thiers. Une occasion rêvée et voulue par l’auteur que de revenir en détails sur les évènements qui ont marqué la chute du Second Empire, la défaite de 1870 et la Commune de Paris en 1871. L’amnistie de 1880 contre l’amnésie fait dire Bourgeon à Clara. L’ambiance générale du récit. Du fait main, peaufiné et méticuleux, rigoureux. En argot parfois, en breton avec notes de traduction en finale. Chansons populaires retrouvées, Bourgeon s’est fait plaisir. On apprécie en gardant en mémoire que Le Cycle de Cyann reste son plus beau travail.
Les Passagers du vent, Tome 8, Le Sang des cerises, Livre 1, Rue de l’abreuvoir, Delcourt, 17,95 €
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