C’est Yann qui est au scénario et Schwartz au dessin. En rupture de Spirou, le duo s’est relancé avec bonheur dans les tribulations d’un privé qui a un petit air de Gil Jourdan avec Libellule et Queue de Cerise revisités. On y reviendra très vite avec l’interview accordée par Schwartz à Quai des Bulles. Dans Atom Agency, on est à la fin des années quarante mais le spectre de la guerre est toujours là. Atom est un privé parisien, d’origine arménienne, et à un papa qui est un flic célèbre. Atom se retrouve propulsé en pleine actualité. On a volé les bijoux de la Bégum, femme de l’Aga Khan, un richissime. Faits divers authentique sur lequel Yann a brodé une aventure mouvementée dans des décors peaufinés par Schwartz, au dessin auquel rien ne manque. Humour, action, réalisme, du bonheur et le tome 2 en chantier.
Au Cannet, en août 1949, dans sa Cadillac, la Bégum et l’Aga Khan sortent de leur propriété. Et ils sont agressés, les bijoux de la Bégum volés. La quincaillerie s’envole. Ce qui n’a pas l’air de chagriner le milliardaire. A Paris, Atom et sa fiancée se prépare à aller dîner et voir un chanteur, un cousin, Aznavourian. Atom est d’origine arménienne. Mais Atom apprend qu’on a volé les bijoux de la Bégum. Une affaire en or pour son agence de privé. Il faut qu’il en sache plus et part au Quai des Orfèvres où son père Tigran Vercorian est commissaire, flanqué de ses parrains inspecteurs. Mais le patron de la PJ, ex-collabo, n’aime pas le trio d’anciens résistants et son réseau. Atom réussit à avoir des précisions sur le vol grâce à ses parrains qui sont allés sur les lieux. Un mégot taché de rouge à lèvres pour poule de luxe, et une batterie baladeuse de 11cv. Au palais d’Hiver le catch est roi. Léon Zitrone est au micro. Dans la salle, Mimi, associée d’Atom a reconnu le célèbre catcheur Joe la Toupie. Mimi et Atom embarquent pour Marseille.
Il y a l’ambiance, celle des polars de la même époque, bouquins ou films. On est dans les trente glorieuses mais on n’a pas encore changé de monde. Le progrès ne s’est pas emballé. Les Halles ne sont pas à Rungis. 11 ou 4 CV, le bourreau de Bagatelle ou de Bethune, des truands à chapeau mou, une veineuse à la Peter Cheyney, Jean Rochefort qui fait de la figuration comme Zitrone et la Bégum qui a un petit air d’Arletty, l’eau de Cologne du Mont-Saint-Michel, des dialogues que Yann a ciselé, parfois à la Audiard, on en redemande de cet Atom Agency. Schwartz y a pris du plaisir, on le voit à chaque case. Sans oublier le clin d’œil à Gil Jourdan dont la reprise avait été un projet pour le duo. De l’humour, du style, des entourloupes et « quand Leca n’est pas là les pourris dansent ». Dans le texte.
Atom Agency, Tome 1, Les Bijoux de la Bégum, Dupuis, 15,95 €
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