Dans ce tome 2, c’est fait, le Suaire est à Turin et il faut bien être un socialiste extrémiste pour douter de son authenticité en cette fin du XIXe siècle. Alors on va le prendre en photo, art nouveau, pour en découvrir tous les mystères. Lucia, jeune et belle héroïne de cet épisode ira au bout de sa passion. Eric Liberge a parfaitement campé en noir et blanc les ambiances et la tragédie très shakespearienne doublée d’une forte dose de mysticisme aveugle de ce tome 2 écrit par Gérard Mordillat et Jérôme Prieur dont Ligne Claire vient de publier les interviews.
Turin en 1898, Lucia se donne éperdument à un jeune avocat socialiste, Enrico. C’est son premier amant et elle culpabilise alors même que son père le baron Tomaso va faire photographier le suaire. Une première alors que dans la rue la monarchie est remise en question par des manifestations ouvrières. Enrico participe à la séance photo complexe pour l’époque qui va pourtant dévoiler ce qui est supposé être le vrai visage du Christ. Tomaso ne croit pas au suaire et la photo permet aussi de montrer des détails troublants que le baron va vouloir vérifier en sacrifiant un malade mental à ses expériences. Lucia troublé rêve d’une autre jeune femme qui lui ressemble qui serait à l’origine de la fabrication de ce suaire, en fait, un faux. Son père veut la marier à un jeune noble.
Mordillat et Prieur continuent dans leur saga sur le suaire dont on sait qu’il n’est pas antérieur au moyen âge. Un trio infernal, l’amant, le père au regard ambigu et sa fille, sera le support de ce drame qui mélange les genres habilement. On sait donc comment le suaire aurait été fait, qu’il a été photographié. Reste le tome 3 avec un nouvelle Lucia et un film cette fois sur le thème. Mais quelle conclusion ?
Le Suaire, Tome 2, Turin, 1898, Futuropolis, 17 €
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