Une forêt impénétrable, une femme superbe entourée de serpents, un pendentif rouge sang et bien sûr une âme innocente, celle d’un jeune homme qui va en tomber amoureux, c’est le conte des Marais écarlates, Layla, que signent Jérémy au scénario et Mika au dessin. Une ballade à la fois fantastique, romanesque, noire et dramatique, une passion sans égale qui enchante, démontre aussi la volonté de pouvoir, celle des hommes face à la toute puissance d’esprits maléfiques qu’ils aimeraient captiver. Jérémy, dessinateur de Barracuda, a tout donné dans ce premier scénario très travaillé, enthousiasmant et captivant. On peut en dire autant de Mika. Sa vouivre, femme serpent, ses décors, tout est impressionnant de beauté et de réalisme brûlant.
Dans les Marais écarlates, pour aider sa mère malade, Grenoye s’aventure et un serpent énorme le fait volontairement tomber dans une rivière. En en sortant le jeune homme voit une femme nue entourée de reptiles qui se tourne vers lui et lui susurre à l’oreille. A son coup pend une pierre rouge. Dès lors Grenoye est fou de passion pour Layla la femme serpent redoutée. A son retour au village Édith la très jolie fille de l’épicier lui donne des provisions mais Brennan son chien s’empare du sac. Il part se réfugier dans une sorte de cour des miracles où il est agressé par trois frères et par la femme-truie. Il s’en sort mais pendant ce temps les sept sœurs Siebenowl font boire la mère de Grenoye surnommé la grenouille. A sa mort Grenoye est chassé de chez lui. Il devient un cuisinier excellent et entame une liaison avec Édith qu’il va épouser tout en pensant toujours à Layla. Ils ont un enfant. Mais s’approche un nouveau danger, Krescias et ses chiens qui revient la cour du roi Ragnar Falx que méprise sa fille Syrebia avide de pouvoir. Devant eux se met à danser pour la fête destinée à Syrebia, Leyla. Le roi la mande dans sa chambre et Leyla le tue.
Une montée en puissance très bien graduée, on passe petit à petit dans le vif du sujet tout en sachant dès le départ que la suite sera dramatique. Mais on ne connait qu’au fur et à mesure, avec un vrai sens du suspense, les motivation des uns et des autres. Le conte met en place ses personnages, toujours sous le regard de Grenoye, témoin, acteur et manipulé par sa passion. De l’aventure aussi, très moyenâgeuse avec des rebondissements foudroyants. Jusqu’où Grenoye ira-t-il, que devra-t-il endurer et pourquoi ? Quel est le mystère de la pierre rouge ? Et la fille du roi, que cherche-t-elle ? Un récit vraiment hors normes tout en s’appuyant sur des ressorts classiques. Vengeance et trahison au programme. Superbe ce travail à quatre mains dans lequel se sont investis sans réserve, on le sent, les auteurs.
Layla, Conte des Marais écarlates, Dargaud, 16,50 €
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