Tout à fait dans l’actualité, les côtes françaises sont rongées par la mer ou l’océan, au Sud comme à l’Ouest ou au Nord. On a construit, laminé les dunes et on s’aperçoit, avec souvent une mauvaise foi évidente, que la nature reprenait ses droits. Trop tard comme dans Le Signal de l’océan de Pierre Roland Saint-Dizier et Joub avec Nicoby au dessin. Malberosse, c’est un petit village côtier qui a des plages et des envies de grandeur, de touristes, de rentrées financières assurées. C’est l’histoire d’un avertissement et d’une défaite que personne n’avait anticipée mais inévitable. Un château de sable ne résiste jamais aux vagues de la mer.
1976 à Malberosse, le soleil et la mer, le sable et un maire flanqué de promoteurs dans un site superbe, sauvage. On va construire des immeubles, des studios locatifs, et même un casino. Un golf pourquoi pas ? Tout le monde n’est pas d’accord mais les emplois, les commerces, c’est bon pour la commune d’autant que le béton il sera à deux cents mètres de l’océan. Il y a de la marge. Réunion en mairie, on découvre la merveille et on balaye les doutes. Des cages à lapin pour touristes qui les ouvriront trois mois par an. Fabrice est le fils du maire qui jure ses grands dieux que la bande côtière sera préservée. Sauf que la bande côtière elle a décidée de ne pas rester là où elle est au fil des ans, réchauffement climatique oblige ou dunes rasées. On parle aussi d’expropriations et de magouilles avec le maire en tête. Seule excuse, au moment de la décision de construire tous pensaient que c’était une bonne chose. En 2000 la mer monte, atteint les immeubles, les fragilisent. On va mettre des digues ou autres mais le tempêtes attaquent les appartements.
La mer dévore la plage. Il suffit d’avoir gardé des photos de la côte languedocienne, celle du Golfe du Lion dans les années soixante, pour s’apercevoir que la plage a diminué de moitié selon les endroits. Rendre ses droits à la nature mais comment ? Des épis, des digues qui creusent encore plus le fond, l’interdiction de toute construction, c’est bien mais ne protégera pas à moyen terme le bâti actuel comme sur la côte basque où des falaises s’affaissent. A moins que l’homme ne fasse amende honorable et laisse la nature reprendre ses droits en l’y aidant, reformant le cordon littoral. L’album de Saint Dizier est une bonne chronique en forme d’avertissement intelligent. On pourrait aussi parler d’inondations, de zones sur-construites où la terre ne peut plus absorber la pluie, la recrudescence d’orages d’une rare violence. Au moment même où des millions de touristes partent vers la mer, il faudrait aussi qu’ils pensent que la mer pourrait bien un jour venir à eux. Un album réalisé avec le soutien du Conservatoire du Littoral.
Le Signal de l’océan, Vents d’Ouest, 15,50 €
Articles similaires