Confessions d’un amateur de Bande Dessinée belge, François Rivière le passionné

Il y a dans la vie des hasards rares. En 1972 ou 73, dans une petite rue derrière la Place Saint-Michel à Paris je suis tombé par hasard sur une librairie minuscule à un étage. Très jeune alors, pas encore sorti de l’école de journalisme, mais passionné de BD depuis l’enfance, j’ai poussé la porte. Il y avait une jeune femme derrière un petit bureau et un garçon à lunettes, vendeur à ses heures avec lequel je me suis mis à parler bulles. Je ne connaissais pas son nom et qu’il s’appelle François Rivière m’avais laissé indifférent. Jusqu’au moment où il m’a montré les Blake et Mortimer à vendre et m’a conseillé d’acheter une première édition de S.O.S. Météores. Sachant qu’à cette époque la BD n’était pas encore devenue une valeur refuge. J’ai donc acquis cet album que j’ai toujours. Je suis revenu plusieurs fois à la librairie, qui aurait appartenu en fait (mais je reste prudent bien que l’y ayant vu) à Michel Audiard, et oui. Comme quoi. Aujourd’hui, François Rivière vient de faire paraître les Confessions d’un amateur de Bande Dessinée belge. Nous nous sommes revus car on sait quel scénariste spécialiste d’Agatha Christie Rivière est devenu signant aussi bien des titres dont l’incontournable Trilogie anglaise dont Midi Libre avait à ma demande publié un des épisodes. Un retour aux sources (de nos jeunesses) ce bouquin de Rivière illustré par Hubert Van Rie.

Confessions d'un amateur de Bande Dessinée belge Dès son enfance François Rivière attrape le virus, celui transmis par un certain Jacobs avec Le Mystère de la grande pyramide. Il s’identifie même aux héros avec son copain George. Et puis il y a Alix et l’Île Maudite (moi la trouille de mon enfance aura été La Griffe noire). Rivière continue à vivre en vrai les aventures du fils adoptif de César. Bob et Bob et Bobette, un peu de Tintin et marqué Rivière aussi par le film Le Tour du Monde en 80 jours d’après Verne. Rivière n’omet aucun détail, sait user de mots savoureux, fait vivre son récit. Il aura pour amis deux frères qui ont une belle bibliothèque de BD (moi c’était une copine avec toutes les reliures Spirou, Zorglub vers 1960). Le Marsupilami, Gil Jourdan qui est un coup de cœur. Fini Olrik, vive Crouton et les Bob Morane brochés de chez Marabout. Sacrée Ombre Jaune et Bill Ballantines. Merci Henri Vernes. Rivière passe à Macherot inspiré par Chase, Chlorophylle, le film Crin blanc tourné en Camargue. La maladie, une appendicite, des occlusions mais la BD franco-belge le soigne et le remet sur pied. Il va se lancer dans l’écriture, sa vie est désormais tracée.

Confessions d'un amateur de Bande Dessinée belge On ne s’ennuie pas un instant avec les péripéties BD d’un François Rivière revu ensuite pour plusieurs interviews. On savoure ses anecdotes, sa rencontre avec Jacques Martin, Jacobs, Jacques Glénat, Hergé, Bob De Moor. Une vraie mémoire de la BD François Rivière, de celle qui restera fondatrice de ce que l’on nomme 9e art et qui pour nous n’était que plaisir, divertissement, mais passion. Car François est un auteur stylé, et bien sûr un homme de passion aux nombreux ouvrages. Ses confessions sont un superbe livre de chevet qui rayonne d’un bonheur communiquant. Merci François pour ce hasard ancien inoubliable.

Confessions d’un amateur de Bande Dessinée belge, Les Impressions Nouvelles, 16 €

François Rivière
François Rivière. Le Lombard / Eric Charneux ©
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