Une figure du grand banditisme, Pierrot le Fou, une synthèse capable de manger à tous les râteliers et de flinguer sans pitié avec ses copains Attia, Boucheseiche ou Danos. Dans ce tome 2 de À la Vie à la mort, Rodolphe continue à disséquer la psychologie d’un personnage avec un côté légende noire qui ne pouvait avoir qu’une fin précoce et méritée. On pense à Mesrine. Le gang des tractions avant, un des plus célèbres modèles Citroën jusqu’à l’arrivée de la DS, va semer la panique dans la France de l’après-guerre. Et pourtant on en avait vu des tordus. Un dessin bien clair, cadré, souple de Gaël Séjourné sur des couleurs de Jean Verney.
En 1946, Loutrel explique pourquoi il n’a pas été inquiété en 44 alors qu’il a flirté avec la Gestapo. Un coup de main aux renseignements français. Mais à Bandol, les flics débarquent et Pierrot tire dans le tas. Planqué par les Guérini, patrons de la pègre de Marseille, Loutrel se fait ramasser à cause de ses faux papiers mais il réussit à s’échapper du poste de police. À Paris on aimerait bien épurer un peu plus dont un certain Joanovici (Il était une fois en France) mais on ferme les yeux sur Loutrel et sur son passé en 40 avec Lafont, ordure notoire qui travaillait pour la Gestapo et surtout pour lui et son gang dont Danos et Boucheseiche des tortionnaires. Exécuteur des basses œuvres Loutrel, tue, torture, abat des policiers résistants dont un survit et témoigne en 1946. Ricordeau avec l’aide d’un commissaire de la PJ, est prêt à tout pour faire tomber Loutrel qui continue ses braquages. Seul Attia, truand mais résistant authentique, refuse pendant la guerre de travailler pour Laffont et est déporté, mettant en place à Mauthausen un vrai réseau pour aider les détenus à survivre. Survivant, il rejoint Pierrot le fou en 1946 avec qui il a fait son service dans les Bataillons d’Afrique.
Raymond Souplex (l’inspecteur Bourrel de la TV), Louis Jouvet font de la figuration dans cet épisode. L’actrice Martine Carol sera elle la vraie maîtresse de Pierrot. Ce qui lui vaudra de se faire tabasser. Et ce n’est pas fini car il va encore en faire de belles le Pierrot. Ce sera dans le tome 3 avant de finir blessé à mort, on le sait depuis le tome 1. Rodolphe qui a écrit un livre sur le sujet connaît bien le parcours de Pierrot le Fou. Les flashs-back remettent logiquement l’histoire dans un contexte d’exception qui a joué sur le destin de Loutrel qui quoiqu’il en soit aurait été un truand sans circonstances atténuantes. Un vrai méchant qui méritait d’y rester.
À la vie à la mort, Tome 2, Le gang des tractions avant, Soleil, 14,95 €
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