Le premier tome avait été un vrai coup de poing. Un truand qui raconte sa vie on court le risque de tomber dans la banalité et c’est bien ce qu’a évité l’album Face au mur avec la cavale perpétuelle de Jean-Claude Pautot. Il y a le récit, l’écriture et le dessin de Laurent Astier qui forment un tout spontané et mettent l’histoire de Pautot en phase, authentifient actes et arrière-plan psychologique. Avec le tome 2 on part vers ces explications qui doivent permettre de comprendre, d’expliquer, pas d’excuser le parcours de Pautot. Des chapitres qui s’enchaînent, retour en arrière, la poursuite infernale qui ira au bout d’une course perdue d’avance mais où il y a encore une lueur d’espoir.
Une première, à chaque fois, Pautot a commencé tôt, à 16 ans. Une agression sauvage à la matraque d’un agent payeur. Dérapage instantané et il se barre de chez lui direction la Légion Étrangère. Engagement, formation, apprendre à manipuler les explosifs, ça peut servir. Sauf qu’il a du caractère Pautot et casser la figure à un officier à la Légion vaut mieux pas. En 2014, quarante après, il est en prison et prévoit la belle mais son père meurt. Ce qui n’empêche pas l’évasion de se faire sans lui mais avec les moyens, façon grand spectacle et mortelle. Du coup il se met à la peinture dans sa cellule. Mais trente ans plus tôt il a Pauline et va essayer de se tirer avec elle sans se faire pincer. Un compliqué mais têtu le Pautot que les flics arrêtent. Un ennemi public en 1983 qui est prêt à tout. La Suisse aussi lui servira de refuge et de terrain de chasse. Impossible de faire une pause, de revenir en arrière.
Des vas et viens entre ces coups d’éclats, sa vie privée, l’engrenage dans lequel il est inévitablement pris Pautot, c’est le schéma de Face au mur dans lequel il fonce. Un braqueur issu d’un monde qui va changer de donne. Finis les gros coups, on passe aux trafics en tout genre, drogue en tête. C’est un dinosaure en quelque sorte Pautot, en liberté conditionnelle, revenu de tout mais qui a compris. Le travail de Laurent Astier n’a pas dû être simple mais on sent l’authenticité de la démarche. Le destin et la vie de Jean-Claude Pautot sont hors catégorie. Le drame est permanent mais le principal acteur en est conscient. Astier restitue la tout avec force et passion.
Face au Mur, Tome 2, Casterman, 19,95 €
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