On a deux frères inséparables, une jeune femme assassinée, une psy attentive et un Rodolphe au scénario qui balade allègrement son lecteur en l’emmenant sur des pistes aléatoires, en partie fiable, en partie fausse. Je suis un autre est un petit chef d’œuvre machiavélique à souhait et psychologiquement bien balancé. Si l’on pense évidemment peu à peu à un trouble du comportement, l’histoire se complique, se transforme pour finir par un coup de théâtre magistral à la Rodolphe. Laurent Gnoni est dans le ton, un dessin souple et appuyé qui mêle rêve et réalité avec des couleurs pastels tout autant réussies.

Une île sauvage de Méditerranée, deux adolescents Peppo et son frère Sylvio en vacances. Une vie paisible jusqu’au jour où s’installe dans une villa voisine du village une jeune femme peintre, Edwige. Peppo en tombe immédiatement amoureux ce qui rend son frère furieux car il le délaisse. Il le traite d’obsédé sexuel mais Peppo malgré la différence d’âge entame une liaison avec Edwige. Seul témoin un vagabond surnommé l’Indien et un vieil ami de Peppo, son confident, Hugo un marin à la retraite. Un matin Peppo découvre Edwige assassinée. Les soupçons se portent sur l’Indien mais Peppo découvre l’arme du crime dans un tiroir de sa chambre. Peppo est certain que c’est son frère Sylvio qui a tué la jeune femme pour se venger d’être délaissé et veut le faire accuser.

On arrête là. Pas question d’en dire plus, cela serait gâcher le plaisir de cette descente assez démoniaque dans un monde où les évidences vont être plus que trompeuses. Une belle palette de personnages que Rodolphe anime en leur soutirant peu à peu une part de la vérité. A condition qu’ils la détiennent même en partie. Un jeu du chat et de la souris mais qui est le chat ? Un bon bouquin, bien ficelé comme on dit et illustré en finesse par Gnoni dont on avait aimé le Camus. On se dit aussi que cela pourrait faire un très bon roman.

Je suis un autre, Soleil, 18,95 €