Les vicissitudes d’une entreprise française rachetée par une multi-nationale US, du vécu avec certes de l’humour mais noir, des héros malmenés, en un mot le quotidien de plus en plus fréquent dans bon nombre de boites qui n’avaient rien demandé à personne mais dont le dirigeants veulent faire sauter la banque en leur faveur. Bienvenue chez Smitch c’est rien de nouveau sous le soleil de l’entreprise familiale que l’héritier désigné brade pour aller se refaire une santé aux Maldives. Modernité et pas de pitié, Erik Tartrais au dessin, scénario et couleurs décrit par le menu une OPA qui ne fait pas mine de rien dans la tendresse.
Lambertin et Fils (fils a pris la main et ce n’est pas un génie) va se rapprocher de Smitch, du lourd qui va dynamiser la société. Ou mieux la dynamiter car Harrison Smitch génère le PIB du Mozambique. Mais Lambertin n’est pas à vendre. Enfin tout dépend du chiffre car Smitch, digne émule de Musk arrive en trottinette. Partenaire, non, acheteur oui mais Lambertin a le sens des valeurs surtout financières. Bingo et roule ma poule, Smitch est at home. Et se moque totalement du passé de Lambertin. Money first et malgré la discrétion on sait vite que Smitch a mis la main sur Lambertin. Un Lambertin fils qui a autant d’états d’âme qu’un alligator affamé. Il a bien encore son paternel mais il sucre les fraises. Lambertin for ever pour les employés, rachat certes mais dans la bonne humeur très US, on vire en un clin d’œil. Smitch International c’est la jungle et le lion n’est pas mort ce soir, ni les hyènes, les éléphants balourds. Va falloir resserrer les boulons. Et les syndicats sont bien là et négocient leur avenir, le leur de préférence.
Une comédie douce-amère, tragique aussi car modèle type de ce qui se passe dans une entreprise rachetée. Beaux discours, larmettes, juré craché rien ne va changer, un nouveau départ vers la sortie, pseudo révolution intellectuelle, et maintenant visio quand ça marche,
intelligence artificielle, démesure et tentatives infructueuses de résistance. On rit jaune, sourit d’accord mais on pourrait aussi pleurer. Un album mine de rien coup de poing en forme de cauchemar bien réel.
Bienvenue chez Smitch, entreprise moderne, Éditions Fluide Glacial, 13,90 €
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