Un préalable utile avant de se plonger dans l’œuvre de Aurélie Herrou et Sagar au dessin, relire la définition du Syndrome de Stendhal qui est aussi le titre de cet ouvrage au demeurant charmant, étonnant surprenant et surtout porte ouverte vers la beauté et la grandeur de l’art sous toutes ses formes surtout pour un novice. Alors pour vous faire gagner du temps le fameux syndrome c’est (médicalement) grosso modo une overdose de sensations quand on est exposé à une surcharge d’œuvres d’art. On tombe dans les pommes, on a du mal à respirer et la tension monte. C’est vrai, prouvé, et Stendhal l’a ressenti. Cela dit, le destin de Frédéric Delachaise, héros de cette plaisante et picaresque aventure, va en voir son univers bouleversé dans une fable attachante et porteuse d’espoir sur la fonction régénératrice, salvatrice, de l’art.
Il a obtenu un poste au Centre Pompidou, Frédéric Delachaise qui au passage adore danser. Il a une grosse trentaine, une fiancée qui ne l’aime que parce qu’il est noble mais ne sait pas comme ses futurs beaux-parents qu’il est fauché. D’où le poste de gardien, la première fois fois qu’il travaille de sa vie. Hormis son boss direct, un nain ancien militaire, il se fait au job, reste assis sur sa chaise sur laquelle il s’endort, indique la direction des toilettes. Et tente de garder un œil sur toutes ces œuvres les plus variées qui désormais font partie de son quotidien. L’art moderne et Delachaise, cela fait deux sauf que il va y a avoir osmose, mine de rien.Les neurones se surchargent, les connexions s’établissent et Delachaise frise le burn-out artistique. Avec en plus la possibilité de communiquer avec les auteurs et se balader à l’intérieur de leurs tableaux ou autres compositions. De quoi alerter le conservateur qui comprend vite que Frédéric est un phénomène et qu’il est un plus pour le musée dont les visiteurs en redemandent. Delachaise s’aperçoit que sa fiancée le prend pour un abruti certes noble mais débile quand même.
Les effets de ce syndrome peu banal ont été réalisés en partenariat avec le Centre Georges Pompidou qui fête cette année son quarantième anniversaire. De l’humour, des clins d’œil au milieu de l’art, une façon très agréable de vulgariser le ressenti face à une œuvre, Sagar enchante par son trait léger mais affirmé ce Frédéric, gentil hurluberlu, au Musée dont l’histoire est touchante, intelligente et offre une belle vision de l’éclectisme de l’art contemporain, de ses effets, des émotions qu’il provoque. Un album qui fait du bien.
Le Syndrome de Stendhal, Glénat et Centre Pompidou, 22 €
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