Un curieux face à face non seulement par le thème que par la fonction, voire la nationalité des personnages. Dans les années soixante un cosmonaute russe qui a déjà fait un séjour dans l’espace rechigne à y retourner. Pour le décider les Soviétiques font appel à un réputé psychologue américain tout autant mal dans sa peau. En pleine guerre froide la démarche est pour le moins curieuse. A moins que l’on n’ait pas toutes les cartes en main. Toni Bruno a brodé une histoire très humaine mais qui ne répond pas aux questions que l’on est en droit de se poser. Pourquoi cette aide et son acceptation par deux pays qui n’ont qu’une envie, se mettre des bombes sur la figure ? Toni Bruno signe un histoire hors normes finalement assez poétique.
Akim Smirnov est le premier homme à avoir tourné autour de la Terre (Gagarine en fait). Depuis son retour il s’enferme dans un refus total de remonter dans une capsule comme le souhaite les autorités soviétiques qui ont les nerfs. Aux USA le pays s’engage peu à peu dans ce qui va devenir la guerre du Vietnam. On est sous Kennedy. Le psychologue Frank Jones qui enseigne à Harvard est lui aussi un brin déprimé. D’autant qu’il apprend qu’il va aller faire un tour l’arme à la main du côté de Saigon. Un de ses copains qui travaille vraisemblablement pour la CIA lui propose un marché, aller en URSS aider le cosmonaute à retrouver ses esprits. Comme lui aussi est sujet à des crises d’angoisse tout le monde y trouvera son compte. Au passage Smirnov bousille deux Mig à l’entraînement.
Difficile à croire sur le fond cette aide magnanime d’un cosmonaute qui veut rester sur Terre au moment même où les USA et URSS se livrent une bataille acharnée pour la conquête de l’espace de part et d’autre du rideau de fer. Espionnage ? Encore plus dur à croire. Il reste par contre le duo formé par Akim et Jones qui peu à peu s’ouvrent l’un à l’autre, posent leurs névroses sur la table avec un authenticité indéniable. On y croit à ces souffrances, ces doutes, cet environnement surveillé en permanence. Ils sont sacrément humains ces deux hommes. Les détails de leur amitié naissante sont émouvants. Alors après tout, avec un dessin qui sublime le tout qu’importe la flacon pourvu qu’on ait l’ivresse d’un conte philosophique ?
D’en haut, la Terre est si belle, Glénat Treize Étrange, 20 €
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