Il reste l’un des plus atypiques auteurs de BD, connu pour Ranx avant tout ce qui pourrait bien être réducteur quand on se plonge dans Petites morts (et autres fragments du chaos). Un gros bouquin en forme de recensement des quarante ans de carrière qui vient en plus à point nommé au moment où la galerie Glénat à Paris lui consacre une exposition du 28 novembre au 30 décembre 2017. Le vernissage aura lieu exceptionnellement mardi 28 Novembre de 19h à 21h en présence de l’auteur. Provocateur un peu, un réalisme des plus purs si ce n’est très osé, un trait à la fois académique et fantastique, Liberatore est un monument qui se dévoile un peu dans ce recueil mais a su conserver sa part de mystère punk, baroque et surtout étonner toujours.
C’est à la fin des années soixante-dix que Liberatore fait ses débuts en Italie. Des inédits comme Vendredi 24 mars 1978 ou Herpes Zooster assez ligne claire, une réédition incluse de Vidéo Clips, Liberatore a signé une multitude d’histoires courtes. C’est pour la première partie. Dans la seconde on passe aux années 80. Plus traditionnelles peut-être les planches. Mais on est dans une violence qui s’impose sans oublier une forme de moquerie désinvolte du monde qui l’entoure. Cannibale ensuite avec son complice Tamburini, des physiques exacerbés, à la limite de la caricature, un Superman décalé ou du Moebius dans Orkëo Swaarte. Des collaborations ponctuelles, des publications dans l’Écho des Savanes inédites en album et signées par Chabat ou Benacquista. Un vaste tour d’horizon qui laisse étonné tant le talent de Liberatore est capable de sublimer à peu près tous les genres.
Bon, d’accord. Il ne fait pas dans la dentelle. On ne laissera pas l’accès de ces pages à tous les yeux mais Liberatore a toujours annoncé la couleur. On a en prime une histoire inédite écrite par Morvan et qui a pour cadre un club de rencontres au Japon. Liberatore ne fait pas non plus dans la joie de vivre ou au troisième degré. Ses univers sont apocalyptiques, sombres, avec quelques traces d’humour comme dans Un Anglais à Paris écrit par Varenne. Gore aussi et si possible pas correcte la BD de Liberatore mais si riche qu’on ne peut que se laisser séduire. Avec un petit remord histoire d’avoir bonne conscience.
Petites Morts (et autres fragments du chaos), Glénat, 35 €
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