Du noir, très noir et sans états d’âme le nouveau Baru. Baru a mis Canicule de Vautrin en images et ça dégage dans le style polar campagnard sanglant. Au départ une cavale (on a vu le film de Boisset dont les dialogues étaient signés Audiard), celle d’un truand look classe, à la Bogart, et valise bourrée de fric.
Il fait une erreur le vieux Jimmy que jouait Lee Marvin dans le film. Il planque le pognon sous le regard d’un gamin, Chim, dans un champ, dans les blés. Le petit morveux a la rage au cœur. Il vit dans une ferme avec un père taré qui le tabasse, une mère qui hait la terre entière, un oncle alcoolique et Ségolène qui a le feu aux fesses. Du grandiose. Le Jimmy se planque chez les jobards, chez les monstres, les flics arrivent, suivis de peu par ses potes à qui il a piqué le fric. Acte deux : règlements de comptes en séries avec Chim qui met de l’huile sur le feu et joue au traître. Aussi taré que son père le Chim. Dérapages et cadavres à la clé.
Baru fait fort, crée un monde qui s’ajoute à celui de Vautrin. Même que le Jimmy lui ressemble un peu à Baru. Côté physique s’entend. Baru a ce trait et ces couleurs qui imposent le texte, le ton. Violent Canicule, sans concessions. La France profonde à la Gabin revisité façon gore. Baru, Grand Prix d’Angoulême 2010, affirme son rythme, son cadre et découpage, ses plans et exacerbe les passions. Cela lui va bien Vautrin à Baru avec des personnages hors normes. Baru devrait être à Montpellier en juin à la Comédie du Livre.
D’autres romans de Vautrin, après Canicule, seront adaptés chez Casterman.
Canicule, Casterman, 18 €
Articles similaires