Ernesto, à la reconquista du passé

La Guerre d’Espagne au fil des albums s’est fait une place de choix parmi les sujets traités. Marion Duclos avec Ernesto emprunte à l’envers le chemin de la Retirada, cette migration violente et non voulue de ces Espagnols en 1939 qui ont fui le franquisme et sont venus se réfugier en France où l’accueil sera pour le moins ambigu si ce n’est hostile. Son héros est un grand-père bougon flanqué de son meilleur ami, duo improbable parti en goguette sur la route des souvenirs. Une balade touchante, émouvante mais aussi historique.

Ernesto Il fait souvent la gueule Ernesto. Et un beau jour il a un malaise. Sa petite fille est sa raison de vivre, sa fille lui casse les pieds et il a dans la tête des souvenirs anciens dont il n’a pas parlé. Dans son cœur fatigué tout se bouscule. Arriba Espana, il veut rentrer au pays après quarante ans de France. Alors son vieil ami Tomas le prend à bord de sa Fiat 500, direction le Perthus. C’est parti pour la reconquista. Les souvenirs se bousculent, la Fiat tombe en panne. Mais les rencontres sont joyeuses et espagnoles. Anciens combattants républicains, la guerre est là. Ernesto se raconte. L’Allemagne et l’Italie complices actives, la France passive, la guerre, la mort. L’armée populaire, les anarchistes et la famille d’Ernesto le rejoint. Sa fille elle-aussi se souvient de son séjour forcé dans le camps de Rivesaltes, parquée au bord de la mer.

Un joli voyage, à la fois triste mais pas trop et souriant, bourré d’espoir. On suit Ernesto tout au long de ses retours de mémoire qui viennent compléter et rejoindre ceux des autres Espagnols que le hasard lui a fait rencontrer. Un retour aux sources drôle et plein d’humour que Marion Duclos a bien mis en musique avec authenticité et tendresse souligne par un dessin simple mais efficace.

Ernesto, Casterman, 20 €

Ernesto

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