Plus que quelques jours avant la sortie de Valérian sur grand écran le 26 juillet. Dire qu’on attend avec impatience le film de Luc Besson d’après l’œuvre de Christin et Mézieres est une évidence. On en a rêvé et Besson l’a fait. Mais avant il faut absolument voir le documentaire inédit de 54′ de Avril Tembouret, produit par Rosebud Productions avec Jean-Claude Mézières, Pierre Christin, Enki Bilal, Luc Besson et Évelyne Tranlé, sœur de Mézières et coloriste de la série. Valérian, histoire d’une création, est plus qu’un hommage pour les 50 ans de la série, c’est une balade passionnante au sein même de ce qui fait Valérian, le génie et le talent de ses auteurs, leur histoire, leur liens amicaux, leur humanisme, enfin Besson et sa volonté de faire « son » Valérian. Ce documentaire sera diffusé sur OCS Max le 25 juillet 2017 à 19h30, veille de la sortie du film de Luc Besson. ligneclaire a pu visionner ce documentaire en exclusivité grâce à Avril Tembouret et l’amitié de Jean-Claude Mézières. Un grand moment de sincérité, d’émotion aussi et d’affection. J-L. TRUC
Avril Tembouret n’a pas fait un énième documentaire sur Valérian. Il a su remonter la piste en particulier pour les lecteurs qui n’ont pas, comme, et oui, certains vécus en direct, depuis le début l’épopée dans Pilote. Suivons Mézières en cow-boy, « appelé par les USA où il va aller voir ce qui se passe au début de l’ère spatiale » c’est déjà un début. Il y retrouve son copain, un certain Pierre Christin : « J’avais un goût immodéré des écrivains anglo-saxons. J’ai fait un voyage initiatique ». Et ils vont commencer à travailler ensemble avec un film, Ghetto, sur la ségrégation. Tembouret en montre des extraits. Mézières c’est la caméra, Christin le script. La pièce est jouée. Désormais le duo est formé. Leurs rôles sont complémentaires.
Retour en France et début des années Pilote, Goscinny prend trente pages à Mézières mais « dessiner la réalité m’ennuyait ». Très vite Christin et Mézières publient Valérian et les mauvais rêves. C’est vrai, comme le dit Mézières, que Pilote est un monde de garçons. Pour les deux auteurs la science-fiction devrait permettre des façons de raconter différentes même si le genre n’est pas vraiment aimée à l’époque. Comme se souvient Besson dans le documentaire, fidèle lecteur de Valérian « Ca ne ressemblait à rien. C’était une fenêtre sur un univers incroyable qui était mon seul échappatoire et qui m’a permis de sortir de mon environnement ». Et Enki Bilal de le suivre : » On pouvait regarder dans l’espace, la Terre était trop violente. Valerian c’était l’ouverture ». Et Laureline dans tout ça, car elle est, soyons franc, l’un des atouts majeurs de la série. « Dans la BD on avait soit des Bécassine, soit des casse pieds, pas des femmes normales ». « Valérian et Laureline sont un couple moderne. Elle est féministe avant l’heure » ajoute Bilal. Pour Mézières et Christin « on a essayé de secouer le côté très installé de la BD. Valérian est un anti héros et Laureline une héroïne moderne ». Laureline a « été réussie dès le départ » constate Christin « grâce à Mézières ». Il a raison.
On en saura plus sur les bestioles, le nom qu’elles portent. Mézières avoue qu’il hésite, qu’il doute au dessin. « Je ne suis pas un acharné et je mets longtemps parce que je peux tourner en rond devant un forme ou un décor ». Pour Bilal, Mézières est « un dessinateur qui vit le récit, un vrai narrateur, donc le lecteur y croit. Il faut se donner du mal pour que l’histoire soit vraisemblable mais on peut faire de la surchauffe et extraire des problèmes, manipulations génétiques, médiatiques, le pouvoir de l’argent ». Christin est scénariste mais avant tout un brillant journaliste. « Dans Valérian j’avais programmé en 1986 une catastrophe nucléaire. Tchernobyl a eu lieu en 86. J’ai eu un sentiment de culpabilité. J’y suis allé en reportage, le pire que je n’ai jamais fait ». Une découverte, Évelyne Tranlé coloriste est la sœur de Mézières. Un sacré boulot la couleur, tout à la main, par d’ordi.
On passe sur Star Wars et « les ressemblances » avec Valérian. « Je n’ai jamais eu de réponse de Lucas » confirme Mézières. Le grand écran ce sera déjà Besson avec Le Cinquième élément. « J’ai fait des taxis jaunes. Besson a aimé et le héros du film est devenu chauffeur de taxi » se souvient Mézières. Besson certifie qu’il y a vingt ans il ne pensait pas pouvoir faire un Valérian au cinéma même si cela le tentait. « J’ai relu les albums mais c’était impossible à l’époque, techniquement. Il y a trois ans c’était devenu faisable ». Quand Mézières et Christin ont visité le plateau de tournage de Valérian suivi par la caméra de Tembouret, on dirait deux gamins. Émouvant. « Besson a fait ce qu’il a voulu. On a juste apporté quelques annotations et on ne s’est pas senti trahi » conclue Mézières pour qui, « si le film marche Valérian sera vraiment devenu un best-seller ».
Un documentaire en teintes douces avec le témoignage chaleureux de Bilal, complice de Christin pour Fins de siècle. On se laisse conduire par les interview en toute liberté de Mézières et Christin, la bande annonce du film, les décors, les illustrations et la bande-son. Un beau travail, soigné et encore une fois humain, spontané. A voir absolument sur OCS Max le 25 juillet 2017 à 19h30.
Avril Tembouret réalise plusieurs courts-métrages avant d’investir le documentaire par le biais de portraits d’artistes. On lui doit plusieurs documentaires autour de la bande dessinée, dont L’HISTOIRE DE LA PAGE 52, consacré à la réalisation d’une planche de bande dessinée en temps réel, avec, déjà, Jean-Claude Mézières et Pierre Christin, et LA JOURNÉE, autour de la série « Bouncer » de François Boucq et Alejandro Jodorowsky (sortie janvier 2018). En parallèle de son activité de documentariste, Avril Tembouret travaille comme scénariste pour le web et la télévision, notamment sur les programmes courts LE CINÉ DU COMITÉ (France 4) et MA PIRE ANGOISSE (Canal+).
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