On ne peut pas dire que De Lesdiguières soit le plus connu des chefs protestants pendant les guerres de religion. Dans le Dauphiné par contre il est une sorte de symbole historique et c’est vrai que son destin méritait d’être évoqué. C’est Gilbert Bouchard, historien et spécialiste régional, qui en retrace le très complexe parcours car ce diable de Lesdiguières n’a pas fait dans la ligne droite et comme, en prime, Lucifer s’est mêlé de l’affaire il faut bien en suivre toutes les multiples péripéties. Un dessin dans la lignée de ce genre de récit historique avec une teinte parfois dans le style de Juillard. La pointe de fantastique soutient l’action et la relance.
En 1626 François de Bonne est vieux, perdu dans la montagne et le diable va enfin lui dire la vérité. De Bonne est le duc de Lesdiguières qui a passé sa vie à se battre, trucider et prendre des villes en Dauphiné ou au Piémont. Son père a passé, pour les protéger lui et sa mère, un pacte avec le démon mais en contrepartie l’enfant devra être riche, puissant et comblé par l’amour. Lucifer accepte. Commence alors une vie mouvementée pour le jeune Lesdiguières qui aurait pu devenir évêque mais sera contraint de choisir le métier des armes. Assez doué il progresse vite et se range du côté des Protestants qui se battent contre l’armée royale. Sisteron, Grenoble, Gières, François massacre à tour d’épée. Il épouse Claudine et le jour du mariage tue avec ses hommes 200 catholiques. Il se battra aussi en Guyenne et monte à Paris pour la noce du futur Henri IV et de Marguerite de Valois. On sait la suite et la Saint-Barthélémy à laquelle il échappe.
Lesdiguières sera aussi un amant diabolique peu soucieux de ses rivaux de maris. Il redeviendra catholique et sera comblé comme connétable. Il aura eu une vie d’exception, politique dans l’âme avec peut-être, mais ce n’est que suggéré pour le romanesque, une aide venue de l’enfer. A priori il ne semble pas en avoir eu vraiment besoin. Un récit passionnant, tortueux comme son héros. On apprend beaucoup et replacé dans le contexte des guerres de religion le destin de Lesdiguières est vraiment hors normes. Il s’en sort toujours.
Ce Diable de Lesdiguières, Glénat, 11,50 €
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