La dernière campagne présidentielle a été la pire que l’on ait connu. A plus d’un titre. Candidats en déshérence, programmes occultés, course à l’information spectacle digne des pires des tabloïds, manipulations diverses, absence de recul de la plupart des médias. On sait la suite de cette campagne dont la raison était quasi absente, course folle aux rebondissements imprévisibles, téléguidés, amplifiés. Renaud Saint-Cricq raconte cette campagne. Journaliste au vrai talent d’investigation il en signe, avec notre confrère Frédéric Gershel malheureusement grièvement blessé en Irak, Le Journal du Off. Saint-Cricq s’est invité, avec l’aide d’autres journalistes, dans la campagne et restitue ces mots, ces phrases authentiques souvent assassines d’un personnel politique égal à lui-même, dépassé et à la prétention évidente, à l’ego démesuré. Avec le recul on reste stupéfait. Le dessin de James appuie là où ça fait mal sans vraiment caricaturer. Il met en scène des femmes et des hommes qui croient en leur destin quoiqu’il arrive, superbes et pas vraiment généreux. Finalement, jamais une campagne n’avait autant ressemblé au radeau de la Méduse sur lequel seul Emmanuel Macron saura ne pas s’embarquer et deviendra, logiquement, le président élu par les Français, dynamitant des partis qui n’ont pas encore tout compris. Il suffit pour s’en convaincre de suivre la campagne suivante, celle pour les législatives. J-L.TRUC
Sarkozy ouvre le bal. Sûr de lui et attaqué par Fillon qui lui reproche ses mises en examen. La primaire de la droite est sur le rails. Pierre Bogart est journaliste politique. Il va couvrir la campagne. Sarkozy se croit presque réélu. Hollande idem qui veut faire de Sarkozy l’ennemi numéro un. Juppé fait une crise. On est en septembre 2016. Macron a commencé son OPA et qualifie des deux grands partis « d’amicales boulistes sans l’amitié et sans les boules ». Le bouquin sur Hollande « Un Président ne devrait pas dire ça » casse la baraque du président sortant. Sarko veut réussir son retour et Fillon rafle la mise. Juppé et Sarko explosent en vol. Juppé persiste pour le second tour. Marine Lepen s’embarque elle-aussi. Valls, Montebourg, Hamon, c’est la gauche qui cette fois s’offre son tour de manège et veut sa place à bord du radeau. Qui aura le pompon ? Valls est dans le collimateur et Hollande fait l’impasse certain d’être battu. Macron va décoller, lévite Porte de Versailles. C’est parti et désormais il va falloir compter avec lui.
Une succession de faits précis, de phrases, Saint-Cricq montre comment un journaliste travaille quand il veut être « blindé » sur la source de ses infos. Il restitue à travers son héros Pierre Bogart faits et méfaits de cette campagne hors normes, dévoilent petits et grands secrets. Psychodrame et affaire Fillon dont on n’aurait jamais rien su si le candidat LR n’avait pas été sur le point de l’emporter. Mélenchon en extrême est prêt à tout. Lepen s’excite. Elle paume (volontairement ?) le débat contre Emmanuel Macron car en réalité, le pouvoir oui, des députés à la Chambre, mais pas celui de la présidence qu’elle se sait ne pas avoir les moyens d’exercer. Le PS va changer de nom. Les Républicains se voit bien gérer l’alternance. Et les Français dans tout ça ? Le Journal du off donne une partie de la réponse avec à la fin de l’album un verbatim des grandes petites phases de nos politiques. Ils ne parlent la plupart du temps que d’eux ou de leurs adversaires.
Le Journal du Off, Dans les coulisses d’une campagne présidentielle folle, Glénat, 15 €
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