Dans la France occupée, celle du régime de Vichy, de Pétain, être juif fait courir un danger de mort à des milliers de Français, femmes, hommes ou enfants. Raflés, déportés dans les camps d’extermination nazis avec l’aide effective des autorités légales, mais grâce au courage de quelques-uns, les Juifs de France pourront pour certains être sauvés. Les plus jeunes, surtout, mis à l’abri dans des orphelinats, des pensions où on va leur apprendre à changer de nom, à se forger une autre identité pour survivre. C’est ce que raconte La Guerre de Catherine adaptée du roman de Julia Billet paru à l’École des Loisirs et qui signe le scénario de cet album au dessin chaleureux de Claire Fauvel. Un leçon de vie et d’espoir bouleversante.
Elle adore la photo et on lui a confie un beau Rolleiflex dans l’école où elle se cache. Rachel Cohen est juive, en danger, elle comme quelques-uns de ses camarades. La Maison des enfants a un enseignement révolutionnaire en ce début des années quarante. Les enfants peuvent s’exprimer, participer à leur éducation. La France est occupée par les Allemands. La chasse aux Juifs est ouverte. Rachel prend des photos de ceux qui l’entourent. Elle a un don et saisit instinctivement le bon cadrage, le bon instant. Il faudra chanter Maréchal nous voilà. Avec les adolescents qui l’entourent elle sait que les professeurs feront tout pour les protéger. Mais Rachel Cohen doit devenir Catherine Colin et partir pour échapper aux rafles. Le voyage de la jeune photographe sera une succession d’épreuves qu’elle affrontera en pensant toujours à en fixer les grands moments sur la pellicule.
C’est la résistance ordinaire, celle d’inconnus qui souvent le resteront et affrontent en parfaite connaissance de cause le danger pour sauver la vie d’innocents. Ils se sont battus en toute modestie et ont gagné la guerre à leur façon, sans armes. Des Justes un peu oubliés. Ces enfants comme ceux d’Izieu qui ont dénoncées et déportés, il y en a eu plus qu’on ne croit, dans des familles comme celles que montre La Guerre de Catherine. De enfants qui ont vite compris les risques. On reste ému devant Catherine et sa petite compagne Alice au regard lointain. Le destin de Catherine est très proche de celui de la maman de l’auteure. On la suit en éveil, forte et si fragile à la fois. Ne pas oublier. C’est encore et toujours d’actualité.
La Guerre de Catherine, Rue de Sèvres, 15 €
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