On va se sentir un peu orphelin. Avec ce tome 3 des aventures aériennes de Johnny Red, c’est le dernier recueil de ses exploits sur le front de l’Est auxquels on va pouvoir accéder. C’est aussi la fin chez Delirium (que l’on ne remerciera jamais assez) de la rétrospective de l’œuvre du grand Joe Colquhoun, dessinateur hors normes à qui l’on doit bien sûr Johnny Red pour la seconde guerre mondiale mais surtout, soyons chauvins, La Grande guerre de Charlie pour 14-18 avec Patt Mills. Pour Johnny Red, avec Tom Tully au scénario, Colquhoun atteint des sommets graphiques, sur des ambiances de plus en plus sauvages, dures et réalistes sans concession. C’est vrai que l’action se passe pendant la sanglante bataille hivernale de Stalingrad, tournant de l’affrontement germano-russe en 1943. Sur son vieil Hurricane, Johnny va avoir besoin des femmes pilotes soviétiques et de sa bande de truands des airs pour abattre à tour de bras les Me 109 allemands. Du grand spectacle en noir et blanc qui rappellera aux plus anciens lecteurs les Battler Britton, Rapaces et autres petits formats des années soixante-dix. En librairie le 12 mai.
Le vieil ennemi de Johnny Red, Coppel veut sa revanche et lui faire payer la mort de son frère. Duel en plein ciel entre le Hurricane de Johnny et le Spit de son adversaire. Au sol les Allemands marquent des points pour la prise de Stalingrad mais l’escadrille des Faucons veille. Coppel ne s’en sortira pas et Johnny de justesse. Un commando de paras ennemis sur un Dakota de prise réussit à le capturer mais au dernier moment un avion russe le sauve du peloton. Il va pouvoir découvrir que l’URSS a des femmes pilotes chevronnées et très courageuses qui ravitaillent par air Stalingrad sur des vieux coucous réformés d’où des pertes élevées. Les Anges de la mort vont montrer leurs talents au pilote britannique en particulier leur capitaine Nina Petrova qui ne le laisse pas indifférent. Bientôt à court de pilotes l’URSS forment en peu des temps des déserteurs pour voler contre les Allemands et sauver Stalingrad. A Johnny Red et à ses Faucons d’en faire des pilotes chevronnés malgré les pertes.
On a tous les ingrédients poussés à leur paroxysme dans ce tome 3. Stalingrad symbolise la lute contre le fascisme, le tournant de la seconde guerre mondiale dans des conditions de combat aussi horribles que celles de la première. Avec en prime la technologie aérienne. On comprend l’état dépenaillé, sans moyens des combattants, le courage et la violence permanente. Les Anges de la mort, en réalité les Sorcières de la nuit (on les retrouve dans Le Grand Duc de Yann et Hugault) sont de la partie. Les avions sont aussi à la fête car de nombreux appareils différents sont dessinés par Colquhoun qui parfois prend quelques libertés et en synthétise certains. On sait bien qu’il faut faire la part du possible et du romanesque dans ces aventures d’exception. L’essentiel est le plaisir qu’on y prend face au dessin de Colquhoun qui a donné ses lettres de noblesse au genre et dont un Romain Hugault ou un Jean-Michel Arroyo sont un peu les enfants naturels. A lire avant de plonger à la suite de Johnny Red l’excellente préface de Garth Ennis qui remet parfaitement bien les pendules à l’heure et dévoile quelques secrets de la série.
Johnny Red, volume 3, Des anges sur Stalingrad, Delirium, 23 €
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