Il a un un petit côté Bonnot, celui de la bande, le héros de Matz et Léonard Chemineau, mais quand même en plus sympathique. Alexandre Jacob est un anarchiste cambrioleur qui a sévi au début du XXe siècle. Un Arsène Lupin décontracté (il aurait inspiré Maurice Leblanc) mais jusqu’au boutiste qui va faire des siennes et dont les deux auteurs racontent la vie aventureuse dans Le Travailleur de la nuit. Un petit Marseillais qui va devenir un prince de la cambriole sans dieu ni maître. Un insoumis amoureux mais incapable de fermer les yeux sur les injustices qui l’entourent. Sur un très bon dessin de Chemineau.
Il s’embarque comme mousse Alexandre et laisse sa maman sur les quais de Marseille. Il est fan de Jules Verne et la grande aventure l’attend sur les flots. Enfin pas vraiment. Des ports, une vie pourrie, la misère, il va vite en faire le tour et il rentre chez lui. Mais il rembarque et doit faire face aux assauts d’un vieux tordu qui en ferait bien son mignon. Les officiers ferment les yeux. Alexandre abandonne son bâtiment et s’installe en Australie et repart sur un baleinier en réalité vaisseau pirate. A Marseille il est arrêté pour désertion. Matelot, il navigue encore mais tombe malade et doit rester à terre. Il devient anarchiste, écrit dans des journaux et se rebelle contre l’autorité. Il va rencontrer Rose et travailler dans une imprimerie anarchiste. Il est arrêté et décide de passer de l’autre côté de la barrière. A lui les casses et les cambriolages en série.
Évasion, roi des coffre-forts qui ne lui résistent pas, smoking et vols de titres, Alexandre écume Paris, la Côte d’Azur, constitue une bande redoutable. Il invente le coup du parapluie pour percer un plancher en recueillant les gravas. Il va déraper et tuer un policier. C’est le début de la fin. Et le bagne à la clé. Le parcours est saisissant. Alexandre Jacob est un insoumis qui va au bout de ses idées. Il aidera à une enquête sur les conditions abominables de détention au bagne de Guyane. Mais il s’en sortira. Cette biographie romancée est à sa façon un hommage à un honnête homme qui payera sa dette comme on dit mais ne se reniera jamais, résistera. On le découvre et, sans vraiment le juger, on le trouve sympathique et émouvant. Une belle écriture de Matz.
Le Travailleur de la nuit, Rue de Sèvres, 18 €
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