Le Vietnam est un pays certes splendide mais au destin balloté par deux guerres cruelles, une réunification douloureuse et un peuple qui aujourd’hui encore, sous régime communiste, est un oiseau libre mais dans une cage comme disait récemment à Hanoï un Vietnamien rencontré. Attaché au Vietnam, son œuvre le montre et comment faire autrement quand on s’est intéressé à l’Histoire de ce pays et qu’on y est allé souvent, et donc aux destins brisés des Vietnamiens, Clément Baloup (Le Ventre de la hyène) continue de mettre toute sa sensibilité au service du souvenir de ceux qui se sont arrachés à leur terre natale. C’est avec le 3ème volume des Mémoires de Viet Kieu qu’il sera en dédicace le samedi 25 février 2017 à Narbonne à la librairie BD et Cie à partir de 15h.
Avec Clément Baloup on découvre un phénomène méconnu, celles que l’on nomme les Mariées de Taïwan, jeunes Vietnamiennes victimes d’un marché qui commença à la fin des années 90 lorsque plusieurs agences matrimoniales virent le jour au Vietnam pour organiser des rencontres avec des hommes taïwanais. Des milliers de jeunes femmes, issues de milieux pauvres et campagnards, se mirent en quête d’une échappatoire vers une vie meilleure à travers ces mariages négociés. On sait désormais que le résultat ne fut pas à la hauteur de l’espoir. Baloup présente des témoignages rares et intimistes qui replace dans leur contexte ces histoires émouvantes.
Clément Baloup (né en 1978) entre à l’école des Beaux-Arts d’Angoulême en 1997 et y rejoint la section BD. Ces cinq années en Charente enrichissent tant sa perception que sa pratique de la bande dessinée. En 2000, il monte avec ses colocataires « La Maison qui pue », un collectif touche-à-tout qui lui permet de publier ses premières planches. Un éclectisme que Clément Baloup a conservé puisque, outre ses travaux intimistes (Un Automne à Hanoï, Quitter Saigon et Little Saïgon), ce jeune auteur marseillais a également réalisé les scénarios d’œuvres davantage tournées vers l’aventure : La Vie en Rouge pour Domas (2 tomes parus à La Boîte à bulles) et les très remarqués Chinh Tri (2 tomes parus au Seuil, Diables Sucrés et La concubine rouge pour Mathieu Jiro (Gallimard – sélection Angoulême 2010), Le club du suicide pour Eddy Vaccaro (Soleil). Avec Mémoires de Viet Kieu T1, Quitter Saigon (publié puis réédité en version augmentée à La Boîte à bulles), il obtient le Prix du jury Œcuménique de la bande dessinée, à l’occasion du Festival d’Angoulême 2011.
Mémoires de Viet Kieu, Tome 3, Les Mariées de Taïwan, éditions La Boîte à Bulles, 22€
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