Aussi curieux que cela puisse paraître à l’annonce de son nom, John Bost (d’origine suisse) a été, en France, le précurseur du traitement médical et humain de ce que l’on appelait la folie, épilepsie comprise. Les débuts de la psychiatrie et de la psychanalyse en quelque sorte. En cette fin du XIX siècle, le nouveau directeur adjoint des asiles de Laforce dans le Sud-Ouest va découvrir la vie et l’œuvre de John Bost. Tel est le fil rouge de cet ouvrage biographique qui rend justice à un homme méconnu au moins auprès du commun des mortels. John Bost était un pasteur protestant dont la foi a été le moteur de son engagement que décrivent de façon très vivante et documentée Vincent Henry et Bruno Loth. Un voyage au pays de l’espoir et du respect de l’être humain quelque soit son handicap.
Ernest Rayroux en cette année 1881 arrive à Prigonrieux en Dordogne. Il est destiné à devenir le directeur des asiles de Laforce fondés par le pasteur John Bost qui vient de mourir. Quelques mois plus tôt il est déjà venu et a pu découvrir la vie et l’œuvre de Bost. Bien avant la région avait vécu une mini guerre d’influence pour nommer un nouveau pasteur. Bost va être sollicité et s’installe à Laforce. Rayroux s’aperçoit que tout a été prévu pour pouvoir accueillir les pensionnaires des neuf asiles même au temple. Aveugles, épileptiques, esprits faibles, tous sont soignés à Laforce. Bost s’est imposé et Rayroux le rencontre dans sa famille. L’épouse de Bost va lui permettre grâce à sa fortune d’aller au bout de sa passion qu’une rencontre avec deux petites filles simples d’esprit a déclenché. Les asiles de Laforce vont voir le jour.
On ne peut dissocier le protestantisme de l’œuvre de Bost qui a marqué le XIXe siècle. Sa démarche repose sur sa religion et sa volonté d’en montrer la joie et l’espoir. Orphelines, malades, infirmes, Laforce était et est toujours aujourd’hui un lieu d’accueil de très nombreux patients sans préjugés en pleine Gascogne. L’internement avant Laforce était le plus souvent un lieu où l’on mourrait méprisé et abandonné. Bost n’était pas prédestiné à ce parcours hors normes. Musicien, relieur, soldat, c’est à Paris qu’il sera touché par la foi et commence son périple religieux et professionnel. Personnage complexe mais honnête envers lui-même et les autres, John Bost est respectueux de l’ordre établi mais un visionnaire que rien ne va arrêter. En suivant Bost dans cet album au trait clair, aux textes concis, on découvre un homme dont la devise « je ne regarde pas ce que j’ai fait mais ce que j’ai à faire » résume la vie.
John Bost, un précurseur, La Boîte à bulles, 22 €
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