Dans notre série archives, voici l’interview d’André Juillard pour la sortie de Mezek en 2011 au Lombard. Juillard aime dessiner des avions et le scénario de Yann lui en donnait l’occasion. Depuis Juillard est revenu à Blake et Mortimer dont le dernier, Le Testament de William S. est sorti récemment chez Dargaud.
L’Histoire a parfois des raccourcis surprenants. En 1948, à la naissance de l’État d’Israël, des pilotes de toutes nationalités iront se battre sous l’étoile de David, mercenaires pour certains et surtout, pour une poignée d’autres, Allemands, anciens de la Luftwaffe. C’est le destin de l’un de ces hommes que racontent en BD dans Mezek avec beaucoup de force Yann au scénario et André Juillard au dessin.
Titre de l’album, Mezek, du nom des Messerschmitt Bf 109 vendus par la Tchécoslovaquie au jeune État juif malgré l’embargo, Pour André Juillard, un des auteurs incontournables de la BD, l’aviation est une passion : « Un plaisir, cet album. Enfant, j’allais à Orly et j’avais un oncle pilote. Dans Blake et Mortimer, j’ai aussi dessiné des avions, des hydravions. Jamais un album entier sur ce thème. L’histoire de cet Allemand qui se fait engager en Israël sous une autre nationalité m’a étonnée. Quand on en a discuté avec Yann j’ai sauté sur l’occasion. C’est une histoire vraie qu’il a romancée partiellement. »
Sur leurs Mezek qui volent mal car ‘bidouillés’ par les Tchèques, la jeune aviation israélienne se bat contre les Spitfire vendus aux Égyptiens. Un comble. « Sans vouloir déflorer l’intrigue, le jeune Allemand qui cache ses origines aura eu un destin hors du commun. Mais cela, on ne le sait qu’à la fin », ajoute malicieusement André Juillard. Trois femmes vont aussi scander le récit de Yann. En 1948, Israël arme tous ses citoyens, femmes comprises. Pas le choix, vu le petit nombre de soldats du nouvel état.
« On a ajouté une femme pilote, américaine, une convoyeuse d’avions. Il n’y a que les Russes pendant la guerre qui ont eu des escadrilles de combat féminines. » André Juillard sait à merveille dessiner les femmes. On l’a vu dans Le Cahier Bleu ou dans Léna avec Christin, mais « elles doivent jouer un rôle important dans l’histoire ». Avec Mezek, on retrouve aussi ces cargos comme L’Exodus qui était passé par Sète. Cette fois, ce sera L’Antinéa qui, aidé par la France, transporte femmes et enfants mais aussi des armes pour l’Irgoun, organisation juive nationaliste.
« Il n’y a aucune prise de position dans cet album. C’est un drame psychologique. Les avions, pour moi, c’est la cerise sur le gâteau. Une voiture est plus difficile à dessiner. Un avion, il suffit d’avoir une bonne documentation et des maquettes. Et l’envie. » Mezek, ce n’est pas un nouveau Buck Danny. Et pas de suite au programme, conclut Juillard : « J’ai très envie d’écrire un scénario avec pour cadre le XVIIIe siècle. Rien à voir cette fois avec l’aviation. Je commence le prochain Blake et Mortimer qui se passera à Oxford. Sans Olrik cette fois » confie André Juillard, amusé.
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