Une île volcanique perdue, un peintre célèbre qui en a fait le support et l’inspiration de son œuvre, une mort mystérieuse, il n’en faut pas plus pour qu’on aille « gratter » sur ce destin hors normes qui a eu ses hauts et ses bas. Et s’apercevoir qu’il y autour de Cristobal, le peintre considéré comme une icône par la population de l’île, des zones d’ombre qui seront difficiles à percer. Dans Le Retour, Bruno Duhamel (Les Brigades du temps) raconte l’apogée et la chute d’un artiste qui a cru, sincèrement, que l’art pouvait être un remède si ce n’est une arme contre l’avidité des hommes. Sauf que l’art c’est aussi l’argent. Une histoire de passion, de foi qui dérape par mégalomanie malgré de bons sentiments initiaux.
Sur la piste de Cristobal disparu dans un accident de voiture, l’inspecteur Claudio remonte dans le temps et la vie du maître. Cristobal enfant peint la mer et n’aime pas ce qu’il voit sur ses toiles. Il a un père alcoolique sur une terre qui est un désert dans tous les sens du terme mais une mère protectrice au pied du volcan sur lequel l’île s’est construite. Son pire ennemi enfant est devenu le gouverneur des lieux. A 34 ans Cristobal est revenu chez lui et a découvert horrifié le béton qui commence à couvrir la côte. Cristobal est un des grands noms de l’art contemporain. Il décide que désormais son travail sera au service des autres. Il va se battre contre le tourisme de masse en créant de nouveaux espaces architecturaux aidé par d’autres artistes célèbres qui viennent le rejoindre pour transforme l’île en œuvre d’art. La guerre est ouverte avec les puissances financières qui avaient tablé sur de très rentables investissements immobiliers. La compagne de Cristo va éclairer Claudio sur les étapes qui l’ont conduites à sa perte malgré qu’il ait été un visionnaire.
Bruno Duhamel s’est inspiré de l’œuvre de César Manrique artiste défenseur de la nature sur son île natale de Tenerife. Mais librement en réinventant l’histoire, les lieux et les moyens. On sent la passion et la sincérité de l’auteur qu’il transmet dans Le Retour à son personnage Cristobal. L’île est devenue une œuvre collective où chacun a mis sa part de rêve aussi frelatée soit elle. Et cela ne peut que mal finir ou simplement revenir à la case départ qui va défigurer l’île effaçant les tentatives désespérées d’un homme qui n’a pas su se gérer lui-même, dépassé. Un histoire forte, très bien écrite et mise en images avec soin. On y croit à ce Cristo utopiste.
Le Retour, Grand Angle, 18,90 €
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